Se motiver enfin à lire un classique de la littérature américaine alors que l'on a déjà vu l'adaptation cinématographique il y a des années de cela, sans en garder le moindre souvenir. Se sentir profondément attaché aux personnages dès les premières pages. Se dire que tout cela est tout simple mais fonctionne du tonnerre. Repousser sans cesse l'heure du couché afin de prolonger encore un peu l'aventure et se rendre compte qu'on est censé se lever dans quatre heures. Refermer le livre et se prendre une petite baffe en plein coeur, sans que l'on ai vu venir quoique ce soit.
Prix Pulitzer en 1961, To Kill a Mockingbird est tout d'abord la vision forcément un peu autobiographique du sud des Etats-Unis vu par la romancière Harper Lee. Un regard sur une période particulière, la Grande Dépression des années 30, rédigé dans un contexte tout aussi troublé, celui de la lutte pour les droits civiques durant le tout début des années 60.
Inspiré par une poignée de souvenirs passés avec un père avocat et un meilleur ami nommé Truman Capote, To Kill a Mockingbird est un récit initiatique intégralement narré du point de vue de sa jeune héroïne. Imprégnant son récit d'une ambiance directement empruntée au conte, Harper Lee parvient miraculeusement à retranscrire ce passage si formateur, si étrange, retrouvant le temps de quelques pages cet état d'esprit cher à l'enfance, court moment où l'on osait encore poser des questions et remettre en cause ce que l'on nous demandait de prendre pour argent comptant.
Sans jamais se poser en moralisatrice, l'auteure rédige un poignant plaidoyer pour la tolérance, pour l'amour entre les peuples, pointant du doigt sans jamais condamner ses personnages notre peur de l'autre. Avec intelligence, To Kill a Mockingbird croque des protagonistes complexes, ni totalement bons, ni totalement mauvais, nous encourageant à adopter, ne serai-ce que quelques secondes, le point de vue du voisin.
Regard tendre sur l'enfance, naviguant entre mystère, interrogations, révoltes, espoirs et désillusions, To Kill a Mockingbird est sans conteste une oeuvre forte et précieuse, tout à la fois drôle et émouvante, comme il en existe bien trop peu en ce monde. Le genre de récit à hauteur d'enfant que j'aurai adoré découvrir bien plus jeune, et qu'il me tarde de faire partager autour de moi.