Les éditions Gallimard ont commis un geste d’extrême bienveillance pour la culture et le savoir en proposant aux lecteurs curieux la collection Découvertes.
Ce Jaurès de Madeleine Rebérioux n’est pas une énième biographie en images, agrémentée de textes et d’un appareillage critique lénifiant. Le découpage chronothématique est pour une fois non conventionnel. Le propos est plus distant bien que l’on ressente clairement la passion de l’auteure pour le leader socialiste. Le discours est savant, pédagogique et didactique.
Rebérioux vient grêler cette image de prophète, forgée par l’histoire et répandue par les hommes. Elle met en garde les lecteurs contre les images d’Epinal qu’on accole encore volontiers au grand orateur : ne pas parler de conversion au socialisme, existence d’une ambition personnelle, rapports complexes aux différents courants socialistes montrant le vrai animal politique qui se cache derrière le Jaurès de l’unité…
La somme et la richesse des documents en présence viennent clairement illustrer les propos de Rebérioux. Notons toutefois que les témoignages et documents, en fin d’ouvrage, sont peu variés : beaucoup de communistes, peu de socialistes, aucun homme droite. De même, ces témoignages et documents sont conscrits pour une large partie dans un temps relativement proche de la mort de Jaurès. Il aurait été intéressant de voir la postérité ultra contemporaine d’un tel personnage.
Un beau livre quoi qu’il en soit.