Il est des livres qui vous prennent à la gorge et qui vous serrent le cœur. Cris est l’un d’eux. On ne peut sortir indemne d’une telle lecture. On est comme happé par le récit.
Bouleversant, sublime et macabre. Il est tout un chapelet de substantifs qui vous vient mais qui ne peut décrire – avec toute l’amplitude de notre belle langue – la beauté ténébreuse de ces trajectoires tragiques.
De la première à la dernière page, du premier mot au dernier, tous nos sens sont sollicités. Dans l’enfer de la Grande guerre, au cœur des tranchées, on est projeté aux côtés de Marius, Boris, Ripoll, Jules, Barboni… On souffre avec eux. On ne peut qu’admirer Gaudé car il nous donne à voir, à percevoir, à sentir, à vivre l’horreur, la peur, la misère de la guerre.
Combien ce livre est génial car ce roman semble être une pièce de théâtre. On aurait presque le sentiment de lire du Céline, mais un Céline sans verbiage ni jurons mais qui préserverait toute son authentique performance et son admirable énergie.
Gaudé. Un style clair et poétique, haché et pourtant profond, sans fioriture, éminemment puissant. Pour savourer la sève de Cris, il ne faut pas lire mais dire. Ou alors, imaginez-vous au théâtre avec votre acteur fétiche disant du Laurent Gaudé.
Cris vous prendra au ventre en vous assénant quelques coups : l’absurdité de la guerre, sa monstruosité, la jouissance de vivre, l’innommable dévoilé…
Assurément, un livre à mettre entre toutes les mains.