Quand on pioche dans une pochothèque un Laurent Gaudé, on s'attend à en prendre plein la gueule, niveau histoire et frissons dans l'échine.
J'ai eu peur dans un bouquin, la véritable chiasse. Celle qui t'inquiète parce que t'entends des bruits suspects, ce cri soufflé dans tes oreilles lorsque tu rentre dans la voix de chaque personnage. Brr.
En pleine première guerre mondiale, côté français, une poignée de soldats décrit le front, la situation dans laquelle ils se trouvent, mais surtout de la folie qui s'empare de chacun. De ce cri des hommes morts au combat, humanisé par une personne qui fait étrangement penser au seigneur des mouches dans le livre de Golding.
Pourtant des témoignages de la guerre des tranchées, y'en a la pelle, des histoires aussi. De quoi te gaver à en friser l'indigestion. Pas cette fois. Du rapatrié au docteur de guerre, du gazé à l'africain venu aider la France, la voix des hommes rentre dans ta tête, leur angoisse te glace la colonne jusqu'à t'en mordre les lèvres (pour de vrai).
Je suis pas expert en descriptions littéraires ni quoique ce soit, mais les thèmes abordés par Gaudé sont plutôt récurrents ; la mort, la folie, la vengeance de la nature sur l'homme, ... mais c'est dit avec tellement de poésie, de chaos, ... un putain de cocktail qui m'a rendu un peu accro à son écriture.
Quand je ferme un bouquin, j'aime être bousculé, me rendre compte à quel point les trucs jolis qui sont bien écrit ça fait du bien d'en lire. Troisième bouquin d'englouti, troisième victoire de Gaudé. Un livre à avoir dans sa bibliothèque (et pas juste pour faire classe).