Chez mon vendeur de thé, dans le marais, quand je dis "d'office" on me demande si je suis belge. Aussi, avant de débuter cet article, mettons nous d'accord sur ma nationalité française, afin de ne pas laisser croire que la Belgique -qui est sûrement un beau pays- ai envahie SensCritique. Ces précisions identitaires terminées, sachez que, d'office, deux choses frappent à la lecture de ce second roman de Thierry Cohen. La première devrait déplaire aux plus écologistes d'en vous, puisque le livre contient une surface de papier non-imprimé assez considérable, alternant allègrement pages blanches et débuts de chapitre en milieu de page. La seconde devrait plaire aux moins pointu(e)s d'entre vous, le lecteur ayant la très forte impression de lire du Guillaume Musso ou du Marc Lévy signés sous un autre pseudonyme.

Et si la première remarque mérite considération, la seconde n'enlève rien au roman de Cohen : on y retrouve cette écriture souple et aérée (trop, du coup) tournant autour de questions vaguement humanistes concernant la vie, l'amour, la famille et la mort. Une recette qui, jusque là, a fait des deux auteurs pré-cités des vendeurs de best-sellers au sein de l'hexagone !

Avec Je le ferai pour toi, Cohen nous embarque dans une double histoire qui prend sens dans ses derniers instants. Daniel est un père de famille brisé par le décès de son fils Jérôme dans un attentat, qui vit comme un iceberg à la dérive, évitant les siens et dissimulant un projet fou sous la surface : venger la mort de son fils en tuant l'un des chefs spirituels islamiste prêchant à Londres. L'histoire de Jean s'écrit en parallèle : kidnappé par des ravisseurs dont il ignore tout, il se retrouve dans les gros titres des journaux français lorsque parvient à un journaliste sur le déclin la vidéo de sa détention accompagnée d'une note interrogative : quelle est la valeur de cette homme ?

L'auteur nous interroge sur des valeurs sensibles au travers de ces deux histoires qui se font écho, et pose la question au lecteur : jusqu'où l'homme doit-il descendre dans la déchéance et l'obscur pour reprendre goût à la vie ? Un roman simple et efficace, plaisant et passionnant, qui laisse entrevoir pour Thierry Cohen, deux ans après la publication de son premier roman, le début d'une belle carrière dans l'édition. D'office, vivement le prochain !
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le 26 sept. 2010

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Brice B

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