Ce roman de Jean Hougron a été écrit en 1957 après son cycle "la nuit indochinoise".

Bien que Hougron se soit essayé à plusieurs genres dont la SF, ce roman s'écarte un peu de ses centres d'intérêt habituels qui sont plutôt des aventures en Indochine d'hommes qui y sont partis pour y refaire leur vie ou pour y faire fortune (qu'ils n'ont pas forcément trouvée) ou pour y mourir.

"Je reviendrai à Kandara" est un roman écrit à la première personne d'un homme, André Barret, parti avec sa femme Pascale, à l'aventure à Kandara – ville imaginaire de l'ancienne AOF (qu'on ne doit pas confondre avec une existante ville du Kenya). Malheureusement, y étant tombé gravement malade, il en est revenu. Cette expérience est vécue comme un échec personnel car son retour le conduit à un petit poste d'enseignant dans un lycée privé d'une petite ville tout aussi imaginaire Loudan quelque part en France. Loin de ce qu'il espérait à Kandara.

Une nuit, de sa fenêtre il voit une ombre sur le toit d'en face et apprend le lendemain qu'un meurtre crapuleux a été commis dans cette même maison. Il omet de porter son témoignage à la fois par indifférence et par absence de preuve formelle. Pas de chance pour lui car il met sans le vouloir le doigt dans un engrenage où il est mis en examen et écroué pour le meurtre qu'il n'a pas commis.

Cette histoire est le fil rouge du roman mais l'important n'est pas là. Cet emprisonnement et cette probable mise au ban de la société vont le sortir peu à peu de sa léthargie et contribuer à une mise en question et une reconstruction morale. Il prend la mesure de l'échec de sa vie qui va jusqu'à son ménage qui bat de l'aile depuis le retour calamiteux de Kandara. Devant le risque de peine lourde (la peine de mort n'étant pas exclue) pour un acte qu'il n'a pas commis, il trouve les ressorts pour réagir. Et peu à peu les choses reprennent leur place.

C'est un livre comme souvent chez Hougron qui prend aux tripes. Le style de Hougron est toujours agréable et simple à lire. On reste dans le concept direct et efficace. Hougron sait, toujours, utiliser les mots qu'il faut pour développer l'empathie du lecteur pour le héros, quoiqu'il ait pu faire de bien ou de mal.

Comme dans de nombreux romans (dirais-je tous ?), je pense en particulier à son œuvre de synthèse "tu récolteras la tempête", Hougron place son héros devant une situation inextricable et apparemment sans issue au point qu'il doit développer son imagination, sa méthode, ses moyens pour s'en dépêtrer. S'il réussit l'aventure peut commencer ou continuer. S'il échoue, c'est la fin du voyage. Ici, puisque le titre est "je reviendrai à Kandara", on peut légitimement supposer qu'il réussira.

Ce livre a fait l'objet d'une adaptation au cinéma mais que je ne connais pas.

Comme toujours, livre – inhabituellement court chez Hougron (190 pages) – mais comme toujours passionnant.


JeanG55
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le 26 août 2022

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