Axelle se souvient de ce jour funeste, il y a trois ans. L'arrivée du CPE dans sa classe, le trajet jusqu'au bureau de la principale, l'annonce de la mort de son grand frère Martial. Assassiné. Le tueur était son meilleur ami, Bastien, un garçon qu'elle trouvait très sexy. Il a tiré six balles. Malgré le procès, la perpétuité avec une période de sûreté de vingt-deux, rien ne peux effacer la peine, la douleur. La famille est partie en lambeaux, le drame a mis à vif des plaies qui jamais ne se refermeront. Et aujourd'hui, Axelle s'apprête à rencontrer Bastien derrière les barreaux. Pour rompre le lien, se libérer de sa présence, pouvoir avancer. Enfin.


Gilles Abier interroge sur les notions de culpabilité et de pardon. Sans donner de réponse. Sans juger. Sans manichéisme. Parce que rien n’est simple. Le geste du coupable peut-il s’expliquer de façon rationnelle ? Peut-on lui trouver des « excuses » ? Qu’a pu faire la victime pour connaître un sort aussi funeste ? Comment accepté que Martial ait pu être un salaud ?


Depuis trois ans, Axelle ne vit plus. Elle s’autorise toutes les insolences, préférant la fuite en avant, persuadée que la tragédie qu’elle a vécue excuse tout. Égoïstement. « Ma sœur m’avait hurlé dessus comme jamais, affirmant que j’étais une petite conne, incapable de gérer ma douleur dans mon coin, à leur infliger un calvaire quotidien avec mes caprices égoïstes, trop tournée sur soi-même pour voir comment mon comportement obscène ravivait leur peine, comment je leur volais la mémoire de Martial à me salir au nom de sa disparition ». « Est-ce que Martial aurait souhaité me voir fuir la vie au nom de sa mort ? ». Vivre de rage et d’amertume, à quoi bon ? Axelle s’interroge en permanence. La prise de conscience d’une nécessaire reconstruction va se faire, non sans mal, grâce au soutien d’une vieille femme rescapée du génocide cambodgien. Avec une infinie patience, madame Ngoun va permettre à Axelle de dépasser la haine, de choisir la vie.


Un roman qui interpelle sans chercher à mettre ko. Les interrogations demeurent, aucune solution miracle n'apparaît d'un claquement de doigts. Reste la voix d'Axelle qui résonne et touche en plein cœur.

jerome60
7
Écrit par

Créée

le 29 mars 2016

Critique lue 236 fois

4 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 236 fois

4

D'autres avis sur Je sais que tu sais

Je sais que tu sais
EchoDuChaudron
9

Six balles dans le corps à bout portant… De sang-froid.

Trois ans après Axelle attend de pouvoir parler à l’assassin de son frère. Dans ce parloir sinistre, alors que son cœur s’accélère et qu’elle peine à trouver son souffle, elle va enfin pouvoir se...

le 16 nov. 2016

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1