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Dialogue brutal et drôle entre une lascarde et un étudiant. Dilué par les répétitions, hélas.

D'abord publié en 1996 aux éditions CTC, puis réédité en 1998 par Allia dans une version remaniée et illustrée par Moments d'Attraction Étranges, ce texte brutal et drôle rend compte du dialogue entre une "lascarde" et un étudiant, dans les ruines de la salle de TD de celui-ci, qui vient de s'effondrer en l'ensevelissant. Moribond, l'étudiant se voit retirer tout espoir par la lascarde qui, loin de l'aider, lui assène en rigolant un bon nombre de vérités sur la société dans laquelle il se dirigeait tout droit.

La prose est allègre et décapante, nourrie de formules incisives et bien tournées, tout particulièrement pour brocarder l'invasion de l'enseignement (même d'apparence la plus rebelle) par l'entreprise capitaliste, ou la mobilisation d'un maximum de médias (y compris ceux semblant parfois de loin au-dessus de tout soupçon) pour fabriquer le degré de résignation, de docilité et de collaboration strictement nécessaire à une main d'œuvre efficace la moins chère possible. Le récit s'embourbe toutefois dans des répétitions qui, sur 75 pages, ne parviennent plus tout à fait à passer pour un parti pris esthétique ou politique, et c'est regrettable.

"Aussi, je ne répéterai pas deux fois ma question : désires-tu être enterré dans une ANPE avec ta carte d'étudiant, dans une entreprise des industries culturelles avec ta carte de chômeur, ou dans un centre universitaire avec ta carte de manager ? fit d'une voix morne la lascarde.
Eh bien... Eh bien... Si vraiment je dois mourir, je veux être enterré avec ma carte d'étudiant balbutia l'étudiant moribond.
Désolée, cher candidat, la réponse exacte était : ces trois cartes forment une seule et même carte. La carte de manager culturel est le verso du premier volet de la carte d'étudiant, et la carte de chômage le recto du second volet. En montrant la carte d'étudiant, on pointe au péril de sa vie, en montrant la carte de chômeur on pointe au péril de sa santé mentale, en présentant la carte de manager culturel, on est employé à 3 000 francs par mois pour soixante heures de travail hebdomadaire dans une entreprise du multimédia, du bâtiment ou de la banque. En toute logique donc, cher candidat, le patronat et l'État devraient fusionner dans l'espace les établissements universitaires, les entreprises et les ANPE. Mais ils ont compris qu'en les laissant séparés de cent mètres ils pouvaient entretenir dans le cerveau spongiforme des étudiants le fantasme d'institutions de contrôle distinctes."
Charybde2
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le 25 nov. 2013

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Charybde2

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