Le grand secret qui innerve le premier roman d'Aminata Aidara est révélé dès ses premières pages. Du moins le croit-on jusqu'à la découverte de la vérité, à la fin du livre. Ne pas croire cependant que Je suis quelqu'un soit un récit à suspense. La romancière a plutôt essayé de tisser une histoire familiale à fortes connotations sociales qui explore la psychologie complexe d'une mère et d'une fille ainsi que d'autres personnages qui gravitent autour d'elles sur un axe Paris-Dakar. Le journal intime de la première et les confessions de la seconde se déploient au fil des pages dans une architecture narrative qu'on a parfois du mal à assimiler. Indubitablement, l'auteure, italo-sénégalaise, possède un vrai style et un vocabulaire étendu. Au point qu'il y a un véritable décalage entre ce que sont ses héroïnes et la façon, sophistiquée et littéraire, dont Aminata Aidara les fait s'exprimer. Comme si elle les contraignait à utiliser ses propres mots d'écrivaine, bien trop raffinés. C'est une impression toute personnelle, qui paraîtra peut-être étrange à certains lecteurs, mais le livre est de ceux qui semblent refuser leur liberté aux créatures qu'il a créé. C'est une sensation étrange et presque impossible à expliquer. Le caractère polyphonique de Je suis quelqu'un ne fait qu'ajouter à ce sentiment d'une certaine confusion et d'incompréhension pour un roman que l'on peut admirer pour son écriture mais trouver malgré tout fastidieux par moments et de toute manière trop empreint d'une recherche évidente d'aboutir à une oeuvre littéraire au détriment d'une histoire qui aurait pu être moins sinueuse et plus directe dans son déroulement.

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le 25 déc. 2018

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