Une campagne de pêche à proximité des côtes islandaises du chalutier morutier Vulcain dans les années 1950 : Roger Vercel nous décrit admirablement l'âpreté et la dureté de la vie d'un équipage français embarqué pour de très longs mois.
Il y a le travail harassant et monotone de la pêche et de la salaison des morues prises mais aussi les conditions de vie dans un espace restreint et clos, soumis aux tempêtes et grains divers soufflant dans ces régions froides. L'enjeu pour tout le monde est simple. Plus vite on remplira les cales du bateau, plus vite on sera rentré pour profiter de l'hiver en famille avant de repartir au printemps suivant …
Mais cette année-là, la campagne ne se déroule pas de la manière habituelle. Le capitaine Louis Villemeur doit compter avec la présence à bord de son fils, Jean, qui abandonne brusquement et sans raison apparente ses études à Cherbourg et veut à tout prix participer à cette campagne. Il ne veut pas rester avec sa mère à la maison. Pourtant, il ne semble pas s'intéresser particulièrement au métier de la pêche. Non seulement Jean souffre du mal de mer qui lui tort les tripes mais il découvre un père dont le comportement est complètement différent de celui qu'il connait lors de ses retours. À la maison, il est tendre et attentionné pour son épouse et son fils. À bord, il est dur, cassant, exigeant. Il n'admet aucune faiblesse de la part de ses collaborateurs. Surtout il ne comprend pas l'absurde entêtement de ce fils voulant rester à bord et, dans le même temps, s'y ennuyant.
Peu à peu, Vercel va tisser autour du capitaine et de son fils les éléments d'un drame qui éclatera à la fin du livre.
Comme souvent chez Vercel, le roman est écrit dans une langue simple et pourtant très documentée en matière de navigation ou de pêche au chalut (bluffante même, puisqu'il n'était pas de la partie ...). Au-delà du témoignage de la vie à bord d'un chalutier, Vercel nous invite dans l'intimité de ces familles qui vivent dans un douloureux équilibre précaire entre ceux qui restent à terre et ceux qui passent la plus grande partie de l'année à naviguer au loin.