Avec l’âge et l’expérience, j’ai appris à me méfier de la prose laudative des critiques littéraires et des quatrièmes de couverture des éditeurs, surtout quand ils nous présentent des romans comme étant des évènements. Cette fois je n’ai rien vu venir.
Quelques journalistes un peu plus sérieux que les autres m’avaient intrigué par le thème sous-jacent du livre : les déformations de la mémoire et la capacité de l’esprit humain à maquiller, voire falsifier, ses souvenirs. Ou, notre cerveau est-il capable d’occulter une réalité objective pour la remplacer par un scénario subjectif qui nous agrée mieux ?
Même si, effectivement, l’ouvrage traite bien du sujet, on est très loin du compte. C’est tout au plus un aimable divertissement tenant lieu de fil conducteur à une enquête d’une rare banalité. Le style est froid, lisse et plat, sans fantaisie ni éclat d’aucune sorte, ce qui n’en rend pas moins sa lecture facile. Les personnages sont à son image, sans consistance et on ne parvient à s’attacher à eux, ni en les aimant ni en les détestant. Ils vont, chacun à leur tour, façon roman choral, développer cette enquête, du bout des doigts, sans y croire vraiment, jouant leur rôle, l’un après l’autre, sans passion, mais avec application. Chacun apporte à l'affaire sa propre réalité sans jamais rien solutionner, ne faisant que reporter le problème sur le suivant. Et peu à peu, une vérité se fera jour parce qu’il faut bien arriver au bout, mais laquelle ? Le lecteur, spectateur passif, suivra tout cela de loin, sans vraiment s’y intéresser, attendant patiemment la fin.
Quel dommage avec un thème si prometteur de basculer aussi facilement dans le polar convenu et traditionnel. Quand au récit en labyrinthe dont on a tant parlé, l’auteur ferait bien d’aller voir quelques films de Lelouch qui maîtrise plutôt bien le genre.
Une fois encore, le marketing littéraire a eu raison de ma vigilance. Grrr...