Confession...

...d'une ado romantique
Je n'ai pas honte de dire que M. Alexandre Jardin a participé pour beaucoup de mon amour pour les livres et les beaux auteurs (désolée papa mais la vérité doit éclater, NON, ce n'est pas toi !) Je me revois passer des nuits blanches à vivre "bille en tête" les aventures les plus folles de l'Arquebuse, de suivre la vies amoureuse de Fanfan ou la folie douce du Zèbre.
J'avais 15 ans, ces écrits me faisaient vibrer, moi et mon petit cœur fragile. J'avais 15 ans et je découvrais et je rêvais d'un homme comme lui. Je ne dirais pas que j'en étais amoureuse, le monsieur était un peu "vieux" mais...
"Les femmes n'expliquent l'amour que par le cœur, cet organe libre auquel les hommes ne comprennent rien"
Dans un avion, ma voisine (inconnue de moi) dévorait le dernier opus de cet auteur qui a gardé une place particulière pour moi.
En effet, même si je ne dévore plus sa prose avec autant de fièvre et de passion (j'ai grandi, lui pas autant) je ne dénigrerai jamais ce qu'il m'a fait ressentir. Je lui garde toujours une infinie tendresse.
Voyant mon regard qui s'arrête sur la couverture de son ouvrage, ma voisine me regarde et la discussion s'instaure.
Elle me demande aimablement si je souhaiterais y jeter un œil. Délaissant MON livre, j'accepte l'offre de bon cœur et me plonge dans les tourmentes de cœurs d'hommes et de femmes qui se résignent à mener une vie ordinaire mais...
Après quelques incursions dans le monde de l'éducation (il a quelques idées brillantes, il se bat pour promouvoir l'amour de la lecture...) et de l'autobiographie (il a une famille aussi dingue que célèbre), il revient au genre roman de l'amour fou.
Hannah Laliberté (eh oui !) est atteinte d'une maladie qui lui fait oublier son mari et son fils qu'elle appelle respectivement le Monsieur et le jeune homme. Or, le jeune homme en question, en faisant le tri dans les affaires de sa mère va trouver un objet qui va tout changer.
Alexandre, personnage clé de l'œuvre de Jardin, a pris pour l'occasion le pseudonyme de César (quitte à choisir un autre empereur...) mais revient avec les mêmes caractéristiques. Il est le beau-frère de Hannah, veuf de la sœur aîné de la malade.
Malheureusement en 2001, à la veille du mariage de la jeune femme elle a quitté ses idées d'absolu, refuse toute idée de passion et lui se contente de survivre, est devenu adepte de la froideur et de la distance respectueuse. Pour ne pas se laisser envahir par leurs émotions, ils les rejettent.
Là, vous vous demandez bien ce qu'il va pouvoir advenir de ces deux personnages si apparemment fermés à toute forme de vie ?
Comment ça non ? Comment ça vous avez déjà compris le déroulement de leur vie, deviné les péripéties qui leur sont réservées ?
Que dire des enfants respectifs qui se prénomment Léonard et Raphaël ? Manque plus que Michel-Ange et on sera presque au complet...
Concentrons nous sur les personnages principaux à savoir Hannah et césar. Ce sont un homme et une femme hors normes, vibrant de passion et qui souhaitent une vie chaque jour renouvelée et remplie d'étincelles. Sauf que ce ne sont plus des ados. Ils ont la cinquantaine passée et ils sont beau frère et belle sœur. Bon la frangine a trépassé donc ça ne compte plus mais voilà nos héros en totale contradiction avec leur moi profond, aigri et insensibilisés de force, devenus la pire des choses qu'ils pouvaient imaginer : RAISONNABLES ! Bouh le vilain mot !
Alors NON, je ne suis pas cynique, rangée des sentiments forts mais il y a une limite...
Soyons honnêtes, vivre une relation passionnée, qui émoustille, fait vibrer, satisfait pleinement les sens tout le monde en rêve mais tout le monde sait aussi que ce n'est pas suffisant pour construire une vraie relation à deux si on tient à oublier l'égoïsme acharné et à avoir un minimum de considération pour l'Autre.
Deux âmes ayant soif d'absolu, désirant une vie faite de surprise, pensant que les certitudes empoisonnent le quotidien, qu'une personne mystérieuse et changeante est préférable à une personne fiable, que la jalousie et la manipulation sont indispensable au piment de la vie de couple pour en tuer la routine, se retrouvent 15 ans après un serment sur une petite île québécoise.
Là le bât blesse un peu également, c'est qu'en voulant tenter de retranscrire le parler de "La belle Province" il ne fait que le caricaturer.
Le lire n'est pas la même chose que l'entendre.
Le pire ce sont les allusions gratuites, lourdes et inutiles à sa propre personne, à son travail.
César est l'un des amis personnel d'un écrivain français du nom d'Alexandre Jardin, les jeunes filles se délectent devant Fanfan, l'adaptation cinématographique de l'un de ses premiers succès.

Le mot de la fin s'inscrit enfin au bas de la dernière page.
J'ai fini de m'énerver et peux rendre le livre à ma voisine.
L'avion atterrit et moi je suis prête à reprendre le cours normal de mes lectures.

Message pour Alexandre :
Mon cher, Je ne t'en veux pas ! Par égards pour les nuits blanches que nous avons passées, les problèmes familiaux que nous avons partagés, je préfère oublier et concentrer mon estime sur tes romans comme "Des gens très bien" où tu fais meilleur usage de ton talent, de ton humour et de ton inestimable sensibilité que je préfère à cette sensiblerie indigeste.