L’œuvre de Karl E. Wagner pourrait se borner à une série de roman de dark fantasy à l’écriture riche – tout en étant très fluide à la lecture – dont l’originalité viendrait du fait que le personnage principal est dans le camp du mal, mais ce serait avoir une vision étroite du récit.
Le mariage subtil de tout ce qui fait la richesse, l’exotisme et la sauvagerie des récits de Conan le barbare et ceux tentés de pessimisme et d’horreur d’outre-espace de l’écrivain HP Lovecraft. Kane est un personnage atypique de Fantasy: un fourbe, un assassin, un destructeur mais aussi un calculateur et un ambitieux. Ici les héros classiques du bien sont ses ennemis et les puissances du mal – souvent des horreurs cosmiques sans âge ou une espèce dégénérée – se retrouvent être ses alliés. On ne tombe par pour autant dans le manichéisme pur et simple, car Kane est personnage plus profond que ce que ses aptitudes à l’épée et à la traitrise laissent paraitre.
En effet Kane est un banni, un exilé. Honnit et rejeté par ses pairs humains, cet immortel qui a déjà tout vu ou presque parcours le bas monde dont il est issu, bataillant et intriguant pour conquérir et gouverner ce que l’humanité lui refuse : la reconnaissance et la gloire. Chaque fois qu’il semble près de son but, le destin en décide autrement et il est de nouveau rejeté, forcé à fuir dans un des recoins du monde qu’il n’a pas encore souillé. Le bien triomphe toujours à la fin et Kane se retrouve à chaque fois dans le mauvais camp. Il est écrit que l’écrivain se revendiquait comme nihiliste, certains passages du livre semblent confirmer ce trait de caractère.
J’ai trouvé la narration parfois bancale, certains passages fouillis et une utilisation un peu confuse des personnages secondaires, mais c’est avec plaisir que je recommande cette trilogie qui donne un air de fraicheur putride et sombre à ce genre littéraire que j’affectionne.
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