Huitième roman de Rufin et son troisième thriller d'espionnage après Globalia et le Parfum d'Adam.
Dans ce livre, on retrouve l'agence privée Providence qui avait été au cœur de précédent Opus avec son énigmatique dirigent : Archie. Ce ne sont plus les écologistes radicaux qui donnent du fil à retordre à l'équipe, mais les islamistes.
Jean-Christophe Rufin mène tambour battant une intrigue haletante et sans temps mort. Tout comme les personnages, le lecteur n'a pas le temps de souffler. Il voyage à toute allure de la zone Saharienne – entre Mauritanie et Algérie –, à Paris en passant par Washington et Johannesbourg. L'écriture est vive et accélère encore l'action : beaucoup de dialogues incisifs aux répliques concises, très peu de descriptions se limitant à l'essentiel. C'est qu'il y a urgence : un attentat se prépare !
Avec ce livre, je retrouve Rufin avec le plus grand plaisir. Son sujet que d'aucuns jugeront racoleur me laissait perplexe. Mais connaissant le maître pour avoir lu tous ses précédents romans, j'avais confiance en son professionnalisme. Et j'ai eu raison. Au risque d'user d'oxymore, je dirais que dans cette fiction, tout respire le vrai. Les personnages sont parfaitement crédibles, notamment la franco-algérienne Jasmine écartelée entre deux mondes, deux cultures qui cohabitent en elle mais n'ont de cesse de s'exclure. Avec elle, le proverbe sénégalais cité en guise d'introduction au roman prend tout son sens : « Un chien a beau avoir quatre pattes, il ne peut suivre deux chemins à la fois ». Le terrorisme en Afrique du Nord, les relations internationales, le fonctionnement du Quai d'Orsay sont très bien documentés et traités par un professionnel (il était ambassadeur de France à Dakar au moment de l'écriture de ce livre) maitrisant son sujet.
Un grand Rufin, meilleur que le Parfum d'Adam qui m'avait déçu, qui vient caracoler au niveau des excellents Abyssin, Globalia, Les Causes perdues et autre Salamandre.