Je pense que les fans apprécieront plus que moi l'ambivalence du personnage à laquelle je n'ai pas accroché/cru une seconde. Alors que dans les romans ou il intervient il me paraissait bien jouer son rôle, ici ca ne m'a pas suffisamment convaincu.
Sur la forme c'est correctement écrit, on ne s’ennuie pas.
Mon grief principal c'est que le récit essaye de justifier/sauver un personnage qui est trop extrême et contradictoire pour être réaliste.
Il aurait fallu montrer progressivement les contradictions et dysfonctionnements de Hante-La-Nuit plutôt que de les balancer comme cela :
- Gardien / Croquemitaine.
- Sauveur / Tortionnaire
- Protecteur de l'humanité / Misanthrope
- Rebelle / Esclave des ses visions
- Solitaire asocial / Chef d'une armée
- Psyker-devin / Myope-nombriliste
etc.
En fait on n'arrive pas à comprendre comment toutes ces contradictions se conjuguent dans le temps.
C'est mon principal problème avec ce récit: la structure "va et vient dans le présent/passé", est symptomatique et permet d'éviter de se confronter à ces contradictions.
"C'est un chasseur solitaire qui n'a pas d'autre vocation" (je résume) : ok.
- Quid des gangs de Nostramo ? Comment a-t-il constitué un gouvernement alors qu'il avait une approche micro-managée de la violence dans les rues de Nostramo ?
- Comment son armée s'est constituée autour de lui alors qu'il est asocial-solitaire dès le départ ?
- Comment a-t-il pu conjuguer leadership et misanthropie de façon générale sur de longues périodes ?
- Comment l'empereur l'a accueilli/retrouvé, de quoi ont-ils parlé (pas de consultation thérapeutique ?)
Dans le meilleur des cas on suppose que toutes ces contradictions sont poussées progressivement et accentuées dans le temps par le chaos (même si ce n'est pas très clair comment).
Or cette influence négative n'est pas assez montrée, ni progressive ou pernicieuse.
On reste toujours dans l'ambiguïté, l'ambivalence : le personnage n'est pas fou, il n'est pas mauvais (mais en fait si). On ne voit que les conséquences de ses visions et pas comment cette influence amènerait Konrad à se perdre ou choisir les "mauvaises voies".
Il n'y a qu'une seule scène de doute dans le passé qui sert de pivot à l'ensemble de la psychologie du personnage (les multiples futurs d'un délinquant qu'il s'apprête à punir) et qui est trop vite expédiée.
C'est trop peu, alors que ces contradictions devraient être progressives/récurrentes et servir de fondation au personnage.
Tout repose sur du non-dit, sur des détails en creux avec un défaut de responsabilité : le chaos ou le père absent.
Le "dialogue" final m'a laissé sur ma faim et m'a paru peu réaliste, ou encore dans la facilité de l’ambiguïté (folie vs vision).
Dans le meilleur des cas, il dessine en creux le personnage de l'empereur comme un idiot-irresponsable ce qui cadre quand même assez mal (sauf si on est un "hérétique")...
Bref, très peu convaincu par un personnage qui ne me passionnait pas à la base.
Les fan du personnage apprécieront peut-être.