J'ai essayé, vraiment. D'autant plus que trône dans ma bibliothèque les 3 tomes de l'ensemble du cycle. Mais rien à faire, j'abdique, je renonce à mes folles prétentions d'achever ce livre, 1er tome de l'Âme du Temple.
Passionné par la période historique des Croisades, je suis très exigeant concernant les fictions traitant de cette époque. Cette épopée m'avait de prime abord séduit de prime abord par le fait qu'il ne s'agit pas d'un agent du FBI enquêtant sur l'énième secret du dernier des templiers, fils caché du Christ emprisonné dans les geôles du Vatican.
L'Âme du temple respecte le cadre historique, les personnages, présente bien les factions en place (les présente peu être un peu trop : Soit on connait l'Histoire et on a l'impression de réviser une leçon, soit on ne connait pas l'Histoire, et dans ce cas, ça nuit à l'immersion, tant la présentation qui est faite des différents ordres religieux et enjeux fleure bon le "point de vue XXIème siècle").
L'histoire débute alors que la chrétienté est sur le point de perdre ses dernières possessions au Proche Orient sous la pression des Mamelouks, ayant eux mêmes repoussés les Mongols. L'histoire aborde de multiples points de vue, mais retient avant tout celui d'un jeune sergent du Temple, qui souhaite ardemment être fait chevalier pour partir trucider du Sarrasin. Il n'en sera bien entendu pas ainsi...
Le "mystère" de l'intrigue, puisqu'il en faut un, est l'existence d'une confrérie secrète au sein du Temple aux ambitions élevées, menacée d'être découverte suite à la disparition d'un livre...
Tous les ingrédients sont réunis pour un livre honnête, sans folle prétention littéraire, mais suffisamment prenant pour passer le temps.
Hélas... Les points négatifs s'amoncellent, au point que je n'ai pu achever ce tome, terrassé d'ennui 100 pages avant la conclusion (du premier tome !).
La forme tout d'abord, peut être est-ce une traduction hasardeuse, mais le vocable n'évoque à aucun moment le moyen âge. Le traitement des descriptions est superficiel, le cadre manque cruellement de relief, d'authenticité. Si la trame historique est bien respectée par l'auteur, les détails, la fragrance de l'époque ne jaillit jamais des pages.
L'écriture en tant que tel est on ne peut plus classique, sans originalité, elle ne créée pas de pont entre le lecteur et son histoire, elle maintient presque à distance tant les formules et les tournures de phrases sont convenues. Elle n'est pas mauvaise pour autant, mais elle ne contrebalance pas suffisamment un manque criant de profondeur dans le fond.
Le fond, est à mon sens dramatiquement creux. Déjà, les personnages sont caricaturaux. Non pas dans le sens grotesques, mais tellement engoncés dans leurs archétypes qu'ils en sont désespérément prévisibles. On ne s'attache à aucun d'entre eux, pas même au héros, transparent. On ne déteste non plus aucun d'entre eux, par manque d'envergure.
Bref, la galerie de personnages est manichéenne, sans réussir à nous faire ressentir la moindre émotion particulière, pas même la notion de bien et de mal.
Mais le plus grave, c'est l'histoire. Sans être prévisible, elle ne surprend jamais. Surtout, elle ne tient pas en haleine. Jamais je n'ai ressenti le moindre "besoin" d'en savoir plus, a contrario, j'étais presque soulagé de terminer un chapitre.
Bref, je m'y replongerai peut être un jour, mais j'étais sorti d'un trop bon livre (Le Jeu de l'Ange - Carlos Luiz Zafon) et la chute fut d'autant plus rude en attaquant bille en tête L'âme du Temple, qui m'a laissé un sentiment de ... Vide.