Oppressant. C'est le qualificatif qui vient immédiatement à l l'esprit pour décrire le sentiment éprouvé à la lecture de la plus grande partie de L'ange de l'oubli de Maja Haderlap. Et même si l'étau se desserre quelque peu au fil des pages, l'impression stagne toujours comme une eau marécageuse. La petite fille qui évoque sa vie dans la Carinthie des années 70 doit affronter un lourd héritage. Sa grand-mère est rescapée du camp de Ravensbrück et son père a combattu, dès l'âge de 12 ans, dans les rangs des partisans. Des années plus tard, les stigmates de cette période sont encore bien présents, alimentés par les histoires tragiques racontés par les voisins et les membres de la communauté slovène, minoritaire dans cette province autrichienne et seule à avoir combattu, les armes à la main, l'occupation nazie. Entre sa grand-mère, un père dépressif et ne souhaitant que mourir alors que son épouse dépérit et angoisse faute d'avoir vécu dans sa chair ces évènements dramatiques, c'est une enfance marquée par la douleur et les souvenirs de ses aînés que vit cette fillette, comme un traumatisme qu'elle ne cessera de vouloir exorciser en grandissant. Entre fiction et récit historique, Maja Haderlap a composé un livre difficile et sombre, qui prend parfois les allures d'un manifeste lorsqu'elle décrit le déni d'un pays et sa méfiance vis à vis d'une partie de sa population qui a refusé la soumission. Le style de l'auteure est perturbant, sans émotion facile et avec une écriture parfois directe quand elle n'est pas imbibée d'une pointe de lyrisme noir. Maja Haderlap est poète avant d'être romancière et sa narration en témoigne. Mais Dieu que ce livre est harassant et embarrassant dans le sens où on aimerait l'apprécier davantage ne serait-ce que pour le devoir de mémoire.

Cinephile-doux
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le 4 janv. 2017

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