Comme pour "L'aliéniste", j'avais déjà lu cet "Ange des ténèbres" il y a une vingtaine d'année et j'en avais gardé un bon souvenir malgré une légère déception par rapport à son prédécesseur. Si j'avais dû lui mettre une note sans l'avoir relu, je lui aurais mis 7/10.
Oui mais voilà: je l'ai relu ... et ça change beaucoup de choses.
C'est simple: on retrouve avec énormément de plaisir tous les personnages, principaux comme secondaires, qui constitue l'équipe de recherche centrée autour du docteur Kreizler: Moore, Howard, Cyrus, les frères Isaacson et Steve entre autre. Ils sont tous toujours aussi attachants et torturés même si certains sont cruellement sous exploités (Kreizler et les 2 frères) alors que Moore mérite des baffes tellement il est exaspérant et ne sert à rien.
On retrouve aussi un début prometteur avec l'enlèvement d'une enfant, une menace de guerre sous fond d'intrigue politique et un tueur présenté bien évidemment comme terriblement intelligent et dangereux.
Hélas, ces belles promesses tombent bien vite à l'eau. Les enjeux politico-guerriers sont bien vite oubliés, la petite Ana Linares disparait complètement des écrans radars pendant plusieurs centaines de pages au point qu'on en arrive à l'oublier, ce qui est quand même fort dommage car son kidnapping/assassinat ? est la raison même du retour de la « fine » équipe. Enfin, le tueur manque cruellement de charisme face à John Beecham. De plus, on connait son identité dès la page ... 16. Et ouais. Sur un pavé de 730 pages, ça la fout mal.
Il manque également dans ce roman ce sentiment de s'endormir moins bête tous les soirs, d'avoir appris quelque chose. Les début de la police scientifique sont ici à peine survolés. On ne retrouve pas le New York crasseux du précédent tome et il manque surtout 1 ou 2 scènes vraiment marquantes. Ici point de course-poursuite, de meurtres sanglants ou d’explications scientifiques plus ou moins révolutionnaire. En revanche du Blabla, ça il y en a.
Le dernier quart du livre ne m’a même pas tiré de ma léthargie. La loooooooongue scène du procès m’a profondément ennuyé, le retour de Th. Roosevelt est franchement tiré par les cheveux et la fin est vraiment trop vite expédié.
Même si je ne peux pas m'empêcher de comparer "L'ange des ténèbres" avec "L'aliéniste", de faire la liste des différences/points communs, on peut comme même reconnaitre à Caleb Carr d'avoir oser faire quelque chose de différent. Au lieu d'un simple copié/collé de son premier roman, il prend des risques en traitant d'autres thèmes (la féminité et la maternité) au lieu d'une simple chasse au tueur sanguinaire.
Au final, il serait faux de dire que « L’ange des ténèbres » est un mauvais roman, mais c’est surtout la déception qui domine après l’excellent « Aliéniste. Ma note : 12/20