Profitons de sa traduction récente, aux éditions "Sans détour", pour revenir sur ce deuxième tome dédié à la relecture sauce Delta Green du mythe de Cthulhu.
S'il fallait résumer en un mot le volumineux "Countdown", ce serait, au risque de ne pas paraître très original, celui d'"extension". Extension, au sens premier du terme, c'est à dire, élargissement du nombre des factions opposées aux PJ, dans le cadre de l'univers décrit dans le premier tome.
C'est de cette extension, et de la profusion de nouveaux alliés/adversaires (dont la distinction n'est, fort plaisamment, pas toujours simple à établir) que naît toute la richesse de ce volume. Cette profusion d'organisations, d'envergure variable (et ajouterais-je, d'intérêt divers), est propice à la démultiplication des formats de jeu, comme le reflètent les scénarios proposés en fin de volume, du One-shot d'une séance ("A victim of the art") à la mini-campagne haletante ("Dead letters").
C'est aussi de cette extension, que naît le principal reproche. Extension ne signifiant pas approfondissement, le supplément ne fournit que peu d'éléments nouveaux sur l'organisation des factions décrites dans le premier tome. On ne peut, à ce stade, que déplorer l'absence de background étoffé sur Stephen Alzis, personnalité la plus complexe et la plus Cthulhienne de l'univers.
A ce titre, les auteurs donnent la désagréable impression d'avoir remis l'essentiel à plus tard (Eyes only, également traduit chez "Sans détour"). Pire, en élargissant outre mesure le nombre de groupuscules parties prenantes de l'univers, Glancy et Detwiller fragilisent la cohérence de l'entrelacs des organisations, qui paraissait savamment équilibrée dans le premier tome.
Il ressort de la lecture de ce supplément une opinion nouvelle sur la nature du projet Delta Green : non pas un JdR indépendant à part entière, mais un sous-univers de jeu pour l'AdC.
Particulièrement original, détaillé et écrit.
Mais à durée de vie limitée.