Tant qu'il y aura des MJ...
"Tatters of the King" ou comment respecter la trame classique "Culte organisé / Sorcier du mythe / Invocation finale" des campagnes de l'AdC tout en déjouant ses écueils les plus évidents (perte de SAN / mortalité élevées, durée excessive / sentiment de déjà-vu).
(NB : les futurs PJ devraient s'abstenir de lire ce qui suit)
Ici, pas de sorcier millénaire gavé de points de magie et de sortilèges meurtriers. En lieu et place, deux ambitieux occultistes (Evans et Bacon), un universitaire égaré (Malcolm Quarrie) et un doux illuminé (Alexander Robbie) aux relations complexes et ambivalentes.
Découvrir l'histoire personnelle, comprendre et contrecarrer les ambitions de ce quatuor improbable d'apprentis sorciers constitue le ressort véritable du scénario, articulé autour de personnages secondaires à la psychologie soignée, jamais manichéens (Grahame Robbie, Hilary Quarrie) et dont l'attitude évoluera selon le comportement des investigateurs (Delia Morrisson).
Atypique et original, les "oripeaux du roi", propose une lecture fantistico-onirico-poétique du mythe du Roi en jaune, qui dénote avec l'ambiance horrifique coutumière dans l'univers Lovecraftien.
Cette originalité compense largement les quelques défauts de l'ensemble : transitions artificielles entre les trois livres qui structurent la campagne, intégration quelque peu factice de Shub-Niggurath et Chaughnar Faugn dans l'arrière plan de l'intrigue.
Signalons pour finir la puissance évocatrice des illustrations intérieures et le soin apporté à la construction des aides de jeu, qui participent à instiller l'atmosphère très particulière de ce scénario, à réserver aux MJ talentueux.
A quoi jouerions-nous sans eux ?