S’il y a bien une règle d’or dans la littérature jeunesse, c’est d’éditer des séries en plusieurs tomes qui sauront accompagner le lecteur plusieurs années durant. L’exemple le plus évident sera bien sûr Harry Potter, mais il est bon de rappeler que d’autres séries ont su également se démarquer sur les étagères des librairies au cours des années 2000. Le fantastique restant le genre le plus populaire auprès du jeune public.
Aussi, on ne peut décemment passer sous silence la collection de l’Epouvanteur. Mais qu’est-ce donc me direz-vous ? Il s’agit des écrits de Thomas Ward, relatant ses péripéties au cours de sa formation pour devenir le nouvel Epouvanteur du Comté.
Mais qu’est-ce qu’un Epouvanteur ? Ceux-ci ont pour rôle de combattre l’obscur et ses créatures : fantômes, ombres, sorcières et gobelins. Et ce, afin de protéger la population. Mais si vous pensez qu’ils sont alors les sauveurs de l’humanité, détrompez-vous ! S’il est apprécié pour les services qu’il est seul à pouvoir rendre, l’Epouvanteur est généralement craint et fuit par le quidam moyen. Il mène une vie de solitaire, reclu de la société, ne la cotoyant que pour les quelques travaux de chasse aux sorcières et autres entraves de gobelins.
En tant que septième fils d’un septième fils, Thomas Ward n’a d’autre choix que d’embrasser la carrière d’Epouvanteur. D’une part car tous ses frères ainés ont déjà conquis les corps de métiers précédents, de l’autre car son statut de cadet le destine davantage à cette vocation. C’est ainsi que peu avant ses 13 ans, le jeune garçon devient le nouvel apprenti de M. Gregory, l’Epouvanteur de la région, qui accepte un dernier élève avant de prendre sa retraite. Notre héros va ainsi affronter mais aussi se familiariser avec ses peurs et sa sensibilité aux choses de l’obscur sous les conseils de son maître, de grand soutien quoiqu’un peu bourru. Mais avec la rencontre d’Alice, Thomas se verra mettre en péril plus que son enseignement...
D’apparence classique dans sa narration, ce premier tome de l’Epouvanteur permet de s’immiscer immédiatement dans son univers de par sa fluidité d’écriture. On prend plaisir à suivre notre jeune garçon dans sa découverte de l’obscur et, de par son côté néophyte, le lecteur apprend lui aussi les différents aspects du monde imaginé par son auteur. Le classique mythe de la sorcière est reprit, avec quelques variantes puisqu’ici si toutes les sorcières ne sont pas aussi dangereuses les unes que les autres, d’autres peuvent également s’avérer être partisantes du bon côté. C’est ainsi qu’on pourra d’autant plus apprécier le personnage d’Alice, intéressante de par son ambivalence : on ne sait si Thomas se fait là une alliée ou une ennemie, et cela est suffisant pour laisser place à une relation plus approfondie dans les tomes à venir. On pensera également à la mère de Thomas, qui a assurément plus d’un secret à révéler.
Du reste l’action est bien menée, Le récit se dynamisant pas de nombreuses courses poursuites. La menace de mère Malkin est bien palpable, et la maison de Chippenden s’avère d’autant plus être le havre de paix dont nécessite nos héros. On pourra seulement relever une certaine longueur en fin de récit, la séquence au sein de la maison des Ward trainant quelque peu en longueur avant l’attaque de Mère Malkin, donnant lieu à quelques allers retours de Thomas qui comblent plus qu’ils ne servent l’histoire.
Ce premier opus de la sage de l’Epouvanteur s’avère en définitive une appétissante mise en bouche. N’hésitant pas à quelques allusions plus violentes que la moyenne des lectures du genre, Joseph Delaney confère une certaine maturité à son oeuvre. Intéressant dans son approche, on a hâte d’en découvrir d’avantage d’un univers qui s’avère au final relativement timide, ce qui serait presque paradoxal pour un premier tome. Une lecture de qualité dans le genre cependant.