L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford par Nanash
Ayant découvert Ron Hansen par son roman sur la montée au pouvoir du parti nazi vu par une histoire "annexe" dans "La Nièce d'Hitler", j'avais apprécié son style et sa façon de faire ressentir au lecteur les caractères et les desseins des personnages.
Ultra documenté, l'auteur s'attarde cette fois sur deux personnalités de la fin de la période "Western", Jesse James pendant la première moitié et Robert Ford pour la seconde, à partir de la mort de l'illustre bandit. S'attachant à décrire depuis l'intérieur, la bande des frères James et leurs larcins, Hansen centre le récit sur la relation oscillant entre amour et haine qui unit Jesse James et son assassin. Les deux sont des personnages complexes. Jesse est tour à tour illuminé, violent ou soupçonneux mais se montre aussi paternaliste et généreux. Lorsqu'approche sa fin, on se laisse à penser, emmené par le roman, qu'il préfère planifier sa sortie plutôt que de se rendre aux autorités. L'homme de paille de cette machination c'est Bob Ford un gamin influençable qui voue un quasi culte à sa victime et imagine que ce haut-fait va combler le manque de personnalité dont il fait preuve.
Hansen fait aussi comprendre au lecteur quels aspects de la société américaine ont mené à cette inéluctable fin. Le passage à l'aire industrielle où les desperado n'ont pas leur place. La haine latente des anciens état confédérés face aux vainqueurs de l'union ou encore l'opposition entre citadins et ruraux, riches et pauvres.
Reste que trop de personnages entre gouverneurs, shérifs ou procureurs entrent dans la danse et qu'il devient très difficile de se rappeler quelle est la place de tout le monde, d'autant plus que le livre est assez long sans que ce soit réellement justifié.
"L'assassinat de Jesse James ..." confirme cependant tout le bien que je pense de l'auteur. Ron Hansen nous distille des ambiances travaillées où les silences et les regards sont plus lourds de conséquence que les coups de revolver. 8/10