Deux des thèmes chers à William Boyd : la première guerre mondiale et le monde de l'espionnage, se retrouvent dans son dernier livre, L'attente de l'aube. L'histoire de ce comédien, embrigadé malgré lui dans de sombres histoires de manipulation, dans une Europe à feu et à sang, est conforme au sens du romanesque que l'on reconnait de l'écrivain depuis ses débuts. L'attente de l'aube est un ouvrage tortueux et ironique qui multiplie les rebondissements et les changements de cadre. Avec un bonheur inégal. La description de la Vienne de 1913, avec un disciple de Freud en guest star, est plutôt savoureuse, de même que celle de Genève, entre deux eaux, et du Londres noyée dans le brouillard d'intrigues inextricables. En revanche, le passage du héros de Boyd dans les tranchées est insipide. Avec ses dialogues un peu lourds et sa multitude de pistes narratives, le livre brille moins que La vie aux aguets ou Orages ordinaires. Peut-être parce que William Boyd a déjà écrit dans ce registre et qu'il peine à se renouveler. Il y a cependant de bonnes raisons de se réjouir à la lecture du roman : ses portraits de femmes, expertes ès manipulations, valent le détour et sa capacité à varier les braquets, rythme haletant puis pauses intimistes, reste une constante du talent de l'auteur dont l'imagination est toujours aussi fertile.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Créée

le 10 févr. 2017

Critique lue 268 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 268 fois

D'autres avis sur L'Attente de l'aube

L'Attente de l'aube
camor
7

Critique de L'Attente de l'aube par camor

Ce n'est pas tant l'envie d'avancer dans l'enquête que le plaisir de se distraire qui fait avancer dans ce roman. Pendant la première guerre mondiale, un ordinaire ou presque (tout le monde ne...

le 31 déc. 2015

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13