Deux des thèmes chers à William Boyd : la première guerre mondiale et le monde de l'espionnage, se retrouvent dans son dernier livre, L'attente de l'aube. L'histoire de ce comédien, embrigadé malgré lui dans de sombres histoires de manipulation, dans une Europe à feu et à sang, est conforme au sens du romanesque que l'on reconnait de l'écrivain depuis ses débuts. L'attente de l'aube est un ouvrage tortueux et ironique qui multiplie les rebondissements et les changements de cadre. Avec un bonheur inégal. La description de la Vienne de 1913, avec un disciple de Freud en guest star, est plutôt savoureuse, de même que celle de Genève, entre deux eaux, et du Londres noyée dans le brouillard d'intrigues inextricables. En revanche, le passage du héros de Boyd dans les tranchées est insipide. Avec ses dialogues un peu lourds et sa multitude de pistes narratives, le livre brille moins que La vie aux aguets ou Orages ordinaires. Peut-être parce que William Boyd a déjà écrit dans ce registre et qu'il peine à se renouveler. Il y a cependant de bonnes raisons de se réjouir à la lecture du roman : ses portraits de femmes, expertes ès manipulations, valent le détour et sa capacité à varier les braquets, rythme haletant puis pauses intimistes, reste une constante du talent de l'auteur dont l'imagination est toujours aussi fertile.