J'aborderai cette critique sur le même ton qu'une autre Lectrice dont j'ai lue la critique: On peut difficilement juger un livre dont l'histoire est réelle. Du moins, il est difficile de critiquer la partie réelle. Cela dit, on peut s’intéresser à la manière dont le livre a été traité. Et je dois dire que si le récit de Leon Leyson est ahurissant, la narration est très bien ficelée.
De son nom hébreux Leib Lejzon, Leon Leyson n'avait que dix ans quand les persécutions et les lois antisémites ont été l'amorce d'un long calvaire pour les juifs de la Pologne ( et par extension, tous les juifs européens). Habitant récemment Cracovie avec sa famille, les évènements s'enchainent rapidement, passant des humiliations et restrictions à des agressions et des crimes sur leur personne. Puis, c'est la ghettoïsation:15 000 personnes entassés dans le ghetto de Cracovie, conçu pour 5000 personnes. Alors que la famine, la maladie et la folie s'étendent, on progresse lentement mais surement vers les célèbres camps de travail ou de la mort élaborés par les nazis. Mais dans toute cette folie, Leon va obtenir un objet d'une importance capitale: un permis de travail qui fera de lui un "juif de Schindler". Entre le ghetto, les raffles, le camp de Plaszow, nous suivons un jeune garçons rempli de ressources qui lutte pour sa survie et celle des siens. Et puis, après des années de supplice, la nouvelle tombe: On va faire emménager les travailleurs de l'usine de Schindler dans un baraquement plus près de ladite usine. Leon et sa famille doivent réussir à tenir jusque là, mais le fait demeure: Cinq membres de la famille Lejzon sont inscrit sur ce qui sera appelé "La liste de Schindler", qui deviendra célèbre, et dont Leon est le plus jeune inscrit, avec ses douze printemps. Ils y passeront le reste de la guerre. Oskar Schindler, qu'on qualifiait de dépravé, de narcissique et de magouilleur, sauva 1200 personnes à partir à cette liste, de nombreux pots de vin, de sa ruse et de la fortune qu'il a bâtie.
On ne se cachera pas que ce récit est difficile, terrible et ce d'autant plus qu'il est tiré d'un jeune homme qui avait entre 10 et 16 ans au moment des faits. Mais à travers les horreurs de la guerre, on sens aussi la complicité, l'amour et le courage de la famille de Leon, de leurs rares alliés et bien sur, de Oskar Schindler, le nazi qui a sauver des juifs. On restera étonné de la capacité extraordinaire d'adaptation, de résilience et de force dont peut être armé même un jeune garçon comme Leon. Et à travers l'inhumanité nazie, on pourra cependant voir une grande humanité chez Schindler. Un sacré paradoxe.
J'ai beaucoup aimé la narration, pas trop lourde malgré le sujet, relativement fluide et rondement menée. C'est le genre de rythme et de vocabulaire accessible qui fait de ce roman un livre accessible aux ados, aux jeune adultes et aux adultes. Un roman à lectorat polyvalent,en somme. Écrit au "je", nous sommes donc près des émotions, du ressenti et ses réflexions de Leon, ce qui nous donne une excellente dimension psychologique.
Vous trouverez de surcroits un épilogue qui nous renseigne sur la vie de Leon Leyson après la guerre, comment il a trouvé la force de vivre, d'aimer et de transmettre ultimement son incroyable histoire avec le monde. On vous parlera aussi du film qui relate l'histoire plus globale sous le nom "La liste de Schindler" de Steven Spielberg et dont la parution aura convaincu Leyson de confier son récit au monde. Vous trouverez aussi des photos de la famille Leyson, dont cinq membres ont survécus sur sept. Finalement, vous trouverez des témoignages de certains enfants et petits-enfants de Leyson.
Une histoire bouleversante, mais qui changera assurément votre perspective sur notre confortable petite vie et nos droits acquis. L'humanité peut être capable du pire, à nous de garder en mémoire que la haine, l'incompréhension et la peur engendrent des fléaux telles que les deux grandes guerre. Souvenons-nous, pour éviter de revoir de pareils évènements revenir.
Et dans l'autre lignée, souvenons-nous qu'on a tous le pouvoir de contribuer à faire le bien. Comme le disait Joseph Campbell ( cité dans le livre) : "Un héro est un être humain ordinaire qui effectue les meilleures choses au pire moment".
Un roman qui pourrait avoir sa place en cours d'histoire au secondaire/lycée.