Je sais que parler, c'est séparer - et que maintenant je ferais mieux de me taire.
Publié de manière posthume six ans après la mort de l'auteur (avec une préface de Paul Morand), l'Etrangère est le premier roman de Nimier.
Une jeune Tchèque vient résider avec son mari américain chez la mère du narrateur, qui lui fait découvrir Paris et l'amour - ou une forme particulière, hussarde, de l'amour.
L'histoire semble plutôt simple mais est traitée tout en finesse par un jeune Nimier (19 ans lors de la rédaction du roman) chez qui on sent déjà poindre son style propre, subtil et violent.
Le narrateur n'est autre que Roger Nimier lui-même, ce qui montre la forte dimension autobiographique du livre : il est difficile de démêler ce qui a pu être vrai de ce qui est né de l'imagination de l'auteur ; et peu importe.
L'intéressante analyse de l'amour que nous livre le narrateur, à la fois cynique et idéaliste, moqueuse et triste, fait tout de suite penser au personnage de Saint-Anne, et annonce déjà l'état d'esprit qui règne dans ses œuvres suivantes.
Ce n'est certainement pas le chef-d'oeuvre de Nimier, mais un excellent premier roman dans lequel son style propre est déjà bien présent.
- Et quand je ne serai plus là, vous ne me regretterez pas ? Vous ne serez pas triste ?
- Je suis logique : il faut se pendre ou ne rien regretter. Voulez-vous que je me pende, Alina ?
Pour mon entourage, ce fut une époque où j'avais les yeux cernés, tout en faisant des progrès en anglais.