Je suis à un peu plus de la moitié du film alors que j'écris ces lignes ; je n'ai pu m'empêcher de commencer à rédiger ces quelques mots sans même avoir encore achevé l'oeuvre. Une conversation continue en danois me berce et je reviens vers l'image, de loin en loin, pour rattraper le fil ; je ne perds pas grand-chose, de toute manière.
C'est bien triste en effet, mais de la même manière que Johann s'endort lorsque Marianne lui lit son journal, j'ai de grandes difficultés à rester concentré, alors pourtant que certains passages trouvent en moi un écho certain.
Je suis vraiment consterné. Pourquoi mes éclaireurs ont tous mis à ce film d'excellentes notes ? Bergman a été une révélation pour l'ignare que je suis, cette année ; et après m'être délecté de L'heure du loup, La Source, Le Septième Sceau et Persona notamment, je m'attendais à une fabuleuse expérience une fois encore... Ce n'est pas vraiment le cas. Je le répète, il y a de très beaux passages, ce film n'est absolument pas dénué de valeur !
Mais après tous ses grands films des années 60, qui à mon sens étaient traversés d'un souffle mystique profond, c'est assez dommage de se trouver face à une telle oeuvre : Scènes de la vie conjugale, c'est, en fin de compte, Le genou de Claire en plus long et sans les beaux dialogues, La Maman et la Putain sans putain, et pourquoi pas tant qu'on y est Fast and Furious sans voitures. Bergman semble avoir régressé en passant de Jung avec Persona en 66 à Freud dans ce film, moins de dix ans après.
Le style en lui-même est plus plat ; il n'y a plus rien de cette époustouflante manière de filmer, ces plans subtilement travaillés et ce montage rigoureux et paisible mais qui savait être hystérique quand il le fallait, il ne reste plus que de nombreux gros plans sur les visages qui s'ils peuvent parfois transcrire avec justesse l'émotion du personnage, sont le plus souvent contre-productifs.
J'ai bien envie de me servir un verre de cognac comme Marianne et Johann, et d'aller revoir Persona, ou bien de voir un de ceux que je n'ai pas encore vus, et qui aura sûrement plus de puissance que ces scènes d'une vie conjugale qui, depuis 1h57 qu'elles s'enchaînent, se ressemblent toutes.
Peut-être, après tout, suis-je trop jeune pour comprendre ces sujets, mais je trouve tout cela trop trivial. Il manque une dimension proprement mystique : à part quelques beaux passages sur l'amour, notamment au début du film lorsque Marianne, en tant que conseillère conjugale, reçoit une vieille en instance de divorce, tout me semble plat et peu intéressant.
Edit : La fin est belle. "L'Amour s'estompe, quand on en parle..."