L'Histoire de France pour ceux qui n'aiment pas ça par LeSuricateMag
« L’histoire de France, quel ennui… »
C’est votre opinion ? Alors ce livre a été écrit pour vous. Car l’histoire de France, en réalité, c’est mille ans de film d’action et je vais vous le prouver. La scène ? Elle est grande comme l’Europe. Le décor ? Des palais, des gibets, des bals masqués, des bûchers et des champs de bataille encore fumants. Le pitch ? Des rois fastueux chevauchent de défaites en victoires, escortés par des chevaliers en armure, des ministres sournois, des moines déments et des reines étranglées.
Ah non, pas de résumé ! Comment voulez-vous résumer l’Histoire de France ?
Mais trêve de plaisanterie, Catherine Dufour nous offre ici un panorama par le petit bout de la lorgnette ou plutôt par le trou de la serrure.
Elle nous amène dans le lit, au propre, pas au figuré, des secrets qui ont construit un pays. Des maladies, des difformités, des coucheries… tout ! Ce livre vous explique les humeurs (coulantes), les syphilis, les visages et les corps déformés par des siècles de copulations congénitales. Ca pue, ça crie, c’est tout sauf glamour mais qu’est-ce que c’est délicieusement politiquement incorrect !
Je ne résiste pas deux petits extraits :
p. 181, Les Médicis : « …Physiquement, ils ont le corps fin, les traits secs et le poil brun.
Leur histoire commence en 1400. En 1550, parvenus aux plus hauts honneurs, ils ont l’idée dommageable de s’allier à la plus haute famille : les Habsbourg.
A partir de ce moment-là, les portraits des Médicis s’enfoncent dans l’horreur. Leur crin raide cède la place aux boucles molles des Habsbourg. Sous ces bouclettes, le menton s’allonge, les lèvres enflent, les yeux s’exorbitent, le cerveau s’en va et la santé avec.
Le dernier Médicis politiquement actif meurt en 1600. La famille entière s’éteint, à bout d’ADN, en 1750. Si vous détestez quelqu’un, offrez-lui un Habsbourg ».
p. 108 « Il ressort de cette analyse, que juste avant sa mort Agnès (Sorel) a purgé ses vers intestinaux en avalant une dose de mercure. C’est un remède courant à l’époque, pour une affection aussi courante. Les vers sont parfois si nombreux qu’ils ressortent par le nez et par la bouche. Imaginez-vous avec, dans le ventre, près de mille vers de terre blancs… les plus grands mesurent trente centimètres, berk ».
Rassurez-vous, Catherine Dufour nous a affrété un navire qui cabote le long des côtes et nous ne serons en rien obligés de partager une intimité aussi répugnante et odorante.
Malgré un titre « … pour ceux qui n’aiment pas ça », je ne peux qu’apprécier d’avoir un solide background en matière d’Histoire, car ce n’est pas à lire ce divertissant et amusant ouvrage (écrit sous le contrôle historique de Clément Pieyre) que je pourrais briller dans les dîners mondains… Tant pis, je me suis trop bien amusée du ton et de l’audace de Catherine Dufour !
Véronique De Laet