Veau de ville.
L'Hôtel du libre-échange est un vaudeville composé en 1894 par Feydeau en collaboration avec Maurice Desvallières, un de ses seconds couteaux réguliers. Il raconte l'histoire de deux voisins,...
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le 14 déc. 2020
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L'Hôtel du libre-échange est un vaudeville composé en 1894 par Feydeau en collaboration avec Maurice Desvallières, un de ses seconds couteaux réguliers. Il raconte l'histoire de deux voisins, Paillardin le prude architecte et Pringlet l'entrepreneur, coincé auprès d'une femme vieillissante et acariâtre qu'il rêve de tromper avec Marcelle, la femme délaissée de Paillardin. Par une suite de hasards et d'accidents improbables qui forment toujours le code du genre, les deux voisins vont se retrouver à l'hôtel au nom programmatique en même temps, ainsi que leurs femmes respectives, le neveu puceau de l'un, l'importun ami-témoin gênant de l'autre, leur bonne, un commissaire de police, le tout encadré par un personnel voyeur aux manies obséquieuses, pour une bonne soupe de quiproquos faciles et de jeux de mot plus ou moins graveleux à la con.
J'ai un problème énorme avec le vaudeville, génériquement. Le vaudeville, c'est la marque des artistes qui ont abdiqué, c'est une damnation des hommes conscients des travers de la société bourgeoise et qui décident de baisser les bras et de la flatter pour un peu d'argent. C'est un dévoiement de ce à quoi doit servir la comédie, au sens originel du terme, Elle a vocation à piquer, et pas à caresser, et la frontière parfois mince entre les deux trouve sa confusion lorsque la complaisance se mêle à la peinture des travers, qui ne peuvent donc plus être les porteurs d'un élément de critique sociale.
La technique de l'a-parté est pas si mal utilisée une ou deux fois – le personnel de l'hôtel se fait une sorte de relais très affadi du valet XVIIIe en critiquant les « grands » qui viennent commettre leurs coucheries chez eux –, quelques vannes portent, un ou deux gags sont inventifs au milieu du marasme des blagues du type « mort de rire il se prend un vilebrequin en plein cul », on a une impertinence à peu près fine dans laquelle se limite tout le contenu critique de la pièce, et emballez c'est pesé.
La construction de l'action dramatique ne viendra pas sauver cette absence regrettable de chose à dire. On reprend la structure de la nouvelle bourgeoise / libertine (installation du problème, aventure dans le monde, retour au logis en forme de restauration un peu contaminée), avec le décor de l'hôtel pour occuper un deuxième acte aux jeux géographiques confus, c'est plan-plan et attendu.
Même en tant que lecture d'appoint, c'est plutôt vieilli. Bref, j'adhère pas à ce type de projets, et je trouve pas son intégration au canon pertinente du tout.
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le 14 déc. 2020
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