L'Insigne du chancelier - Les Lames du Roi, tome 1 par louiscanard

" Les Trois mousquetaires avec de la magie " disait la quatrième de couverture. Bragelonne ne doute vraiment de rien me suis-je dit en décidant de mettre cette formule à l'épreuve...

Alors, certes, Dave Duncan n'est pas Alexandre Dumas, mais son Insigne du chancelier n'en est pas moins une excellente surprise dans le paysage de la Fantasy publiée en France.

Or donc, dans le royaume de Chivial, la magie sert à une foultitude de choses. Et plus spécifiquement à lier les membres d'un corps d'élite d'épéistes (les " Lames ") au Roi et parfois à un individu désigné par le monarque. L'état mental d'une Lame liée, son degré de libre-arbitre sont à rapprocher de ceux d'un robot asimovien asservi par les 3 Lois de la Robotique.

Le roman s'ouvre sur l'admission du jeune Roland au Hall de Fer, lieu où sont " forgées " les Lames. C'est sa vie à partir de cet instant que va nous raconter D. Duncan.
Une vie bien remplie, qui comblera les amateurs de duels, d'amitiés viriles, de complots, de morceaux de bravoure, de méchants (le très réussi Kromman).

Là où Duncan séduit, c'est d'abord dans le rythme qu'il impose : pas de temps morts, on ne lâche son livre qu'une fois achevé. Il ne verse pas pour autant dans la simplification ; il a simplement su sacrifier des pans entiers de la vie de Durendal (le pseudonyme de Roland en tant que Lame) pour en mettre d'autres en valeur, plus riches et significatifs pour son propos. Car au fil des pages on finit par découvrir que derrière la classique et vive histoire d'un mousquetaire promis à une destinée exceptionnelle, Dave Duncan interroge les réactions humaines envers le pouvoir et l'asservissement jusqu'à en faire le vrai sujet de son roman. Ainsi, outre Durendal, le roi Ambrose est un personnage très marquant, dépeint sans manichéisme (une autre réussite de D. Duncan), attachant dans sa relation avec Durendal et inquiétant dans l'évolution de son rapport au pouvoir monarchique au fil de son règne.

Loin des facilités du sempiternel affrontement entre le Bien et le Mal, sans tirer à la ligne, plus subtil qu'il n'y paraît de prime abord, L'Insigne du chancelier est l'un de ces livres que l'on prend plaisir à lire puis à discuter avec d'autres lecteurs. S'il vous a échappé cet été, ne le ratez pas cet automne !
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le 7 janv. 2011

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