Pierre Goldman est un drôle de zigue. Né en 1944, fils de résistants juifs polonais qui participèrent activement aux FTP-MOI, très impliqué dans les révoltes de mai 68, guérillero en Amérique Latine par la suite et auteur de braquages dans les années 70. Un partisan de la lutte armée, cela pouvant s'expliquer par une histoire familiale pour le moins compliquée. Son demi-frère Jean-Jacques (oui, oui, c'est bien lui), né après la guerre d'une autre mère a, disons, beaucoup mieux trouvé sa place dans le trafic, comme on dit.


Il fut d'ailleurs condamné à perpétuité en 1974 pour le meurtre de deux pharmaciennes, lors d'un braquage. Puis rejugé en 1976 à la suite d'un vice de forme, finalement condamné pour les seuls braquages et libéré en 1977. Ces procès eurent d'ailleurs un certain retentissement dans les années 70, et certains intellectuels et artistes prirent à l'époque sa défense :
https://www.youtube.com/watch?v=1MisxgM3XBU
Bon, bref, à cet égard les temps ont bien changé. Mais, il fut finalement assassiné en 1979 par un commando de trois hommes se revendiquant d'une organisation nommée "Honneur de la police". Tout un programme : on n'a d'ailleurs jamais vraiment su s'il s'agissant d'un groupuscule d'extrême-droite ou directement issu des forces de l'ordre. En fait, peut-être des deux à la fois.


Une vie brève et bien remplie, donc. Mais la littérature n'était sans doute pas la première de ses compétences, du moins selon mes critères. Ce bouquin, écrit à la fin de sa vie, est une sorte d'exutoire à travers lequel il exprime ses pulsions et ses tourments sur un mode par moment quasi autobiographique. Dans un style ampoulé, qui se veut par moment picaresque mais qui frise fréquemment la psychologie et la philosophie de comptoir. J'ai également trouvé très chiantes ses constantes allusions à son judaïsme, probablement une obsession chez lui (ce que l'on peut comprendre tout de même, hein). Et j'en marque ma détestation par un calembour douteux en guise de titre de cette critique, et qui rend hommage la partie musulmane qui signa en 1978 les accords de Camp David.


Pour résumer, Archibald Rapoport, ce double ultime et littéraire de Pierre Goldman, se livre dans le bouquin à une série d'assassinat de flics et d'hommes de loi, dont les motivations n'apparaissent jamais clairement, cela dénotant à n'en pas douter le caractère pour le moins tourmenté de l'auteur. On comprend tout de même qu'il détestait les flics. Et ceux-ci le lui rendaient bien, d'ailleurs. Si les descriptions qu'il livre des institutions politiques, médiatiques, policières et judiciaires se veulent comiques, grand-guignolesques et sans concession, elles m'ont semblé bien innocentes, voire naïves, quarante ans après. Bon, je le conçois, c'est facile d'écrire avec plusieurs décennies de recul.


En définitive, et c'était d'ailleurs ma motivation première pour en entreprendre la lecture, l'auteur et son histoire sont sans doute plus intéressants que le bouquin en lui-même. Ma (faible) note reflétant en l'espèce l'absence de plaisir ressentie à sa lecture...

Marcus31
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le 3 sept. 2019

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Marcus31

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