"Il ne souffre plus, soudain. Il est bien", ces quelques mots, les premiers du livre, sont aussi trompeurs qu'annonciateurs. Car Augustin Revel, personnage principal et double de l'écrivain Lionel Duroy, va tout sauf bien la plupart du temps. Surtout quand il vient de perdre sa magnifique maison (et le lecteur assidu de Duroy sait à quel point les lieux comptent pour l'écriture) et qu'il ne parvient pas à écrire. Lui qui n'a jamais cessé d'écrire depuis près de 25 ans. Le voilà affublé du désir d'écrire sur sa mère, désir qui le poussera dans les situations les plus ubuesques, dans des rencontres aussi. Ce n'est donc pas la souffrance qu'il rejette, mais plutôt qu'il transforme et malaxe, dont il fait une oeuvre, qui le sauve. C'est d'ailleurs ces quelques mots qu'il aurait voulu glisser à la mère enfant, quand elle sombrait dans un profond désespoir, celui de l'expulsion.. Tenir son rang, elle ne peut plus. Mais, vraiment, n'y-a-t-il que ça ? A travers un périple qui le mène de Verdun à Bordeaux, en passant par une station service de rêve, que ce soit en Peugeot ou à vélo, Augustin redécouvre la mère dont il a tant parlé. Lassé de l'amour des femmes, qui ont toujours repris leurs serments auprès de lui, il guette le départ de la souffrance, l'origine de la déliquescence. Dans une auto-dérision assumée, Lionel Duroy livre de nouveau le récit de sa vie, offrant un éclairage tout neuf sur sa mère. Il donne à sentir, page après page, la force et le désir d'écrire, d'observer, de garder, de retranscrire. Ce besoin, au détour d'une lecture qui déclenche le l'envie d'écrire, de se sauver par l'écriture, de trouver un petit lieu, une toute petite place et d'écrire, écrire et écrire encore le monde, sa vie, pour ne pas mourir, tout simplement.