Karen Thompson Walker est passée d’éditrice à écrivain.Un itinéraire personnel déjà bien singulier à mettre en perspective avec la thématique de ce premier roman: et si la Terre perdait sa gravité? L’auteur américaine, en imaginant ce postulat, superpose une angoisse supplémentaire au réchauffement climatique et à ses incidences.J’ai beaucoup aimé comment Karen Thompson Walker a joué sur la graduation dramatique tout au long de l’Age des miracles.Avec sa jeune narratrice Julia, à la vie trés ancrée dans le quotidien( l’école,les copains, les parents, le grand-père...),l’auteur distille une ambiance trés hitchcockienne où les premiers changements terrestres dus au manque de gravité sont vécus comme une angoisse sourde bien avant la fatalité.C’est la grande qualité du livre.Ce qui est un peu moins habile, c’est de lier le phénomène de ralentissement à la versatilité de la nature humaine.C’est plutôt convenu et le raccourci un peu trop évident.En dehors de cela, vous passez un très bon moment de lecture avec ce premier roman.L’épilogue forcément direct et sans concessions peut désarçonner le lecteur mais un happy end aurait nui à la force d’évocation générale. Autrement, la galerie de personnages scrutée par Julia et ses considérations de jeune fille sur la vie, est attachante et représente des moments de l’existence authentiques.Entre l’anticipation et le roman young adult, l’Age des miracles a avant tout une tonalité marquante et c’est bel et bien son atout littéraire qu’il faudra retenir.