La terre est bleue comme une toupie
Julia a onze ans. C'est une ado californienne, timide et intelligente. Elle déroule une vie classique avec ses parents jusqu'au jour du « ralentissement ». La terre freine sa rotation, les journées s'allongent, la gravité s’accroît. Son existence va ainsi être rythmée par une nouvelle réalité.
Dans ce contexte de fin du monde édulcorée, Julia va poursuivre sa quête d'identité, son initiation sentimentale. Elle va découvrir que les plus grands cataclysmes, les blessures les plus profondes ne sont pas provoqués par les phénomènes naturels mais par ses amis, ses proches, sa famille.
Si le ralentissement génère sa farandole d'effets indésirables et de symptômes qui contraignent l'humanité à changer radicalement son mode de vie, il n’apparaît finalement qu'en filigrane. Une portée lointaine sur laquelle Julia pose sa mélodie.
Karen Thompson Walker arrive avec une écriture épurée à brosser des portraits vivants. Des gens normaux, à la routine familière, défigurée du jour au lendemain par un excès de gravité. Le livre puise sa réussite dans sa modestie et le refus de trop développer l'aspect scientifique réservé aux écrivains spécialisés. L'auteure se concentre sur des thématiques simples, amour, xénophobie, famille, amitié...etc, mais toujours portées par un fort vecteur dramatique. Et surtout, il n'y a pas de jugement, aucune sucrerie malsaine pour influencer le lecteur. J'aime ces auteures qui me considèrent comme une lectrice et non comme une militante.
Si je devais désigner des défauts, car il y en a, je citerais la transparence du personnage de Julia qui subit trop souvent les événements, bien sagement. Le manque de réflexion et de profondeur sur les solutions envisagées pour lutter contre le ralentissement. Et cette fin en demi teinte, trop timide, qui ne conclut rien.