Troisième et dernier opus de la trilogie "La Rivière Espérance" de Christian Signol.
A la fin du deuxième tome, nous venions à peine de retrouver Benjamin Donnadieu de retour de proscription en Algérie suite à sa participation aux émeutes qui avaient éclaté en France après la fin de la république en 1851. Mais la menace qui pesait sur le transport fluvial de merrain du haut pays de Corrèze vers Bordeaux, se précise et prend corps. Il s'agit de la mise en place du chemin de fer bien plus rentable et sûr que le transport fluvial qui ne peut que disparaître en l'état ou s'adapter. Ce dernier volume nous raconte ainsi les efforts d'adaptation ou de mutation de la famille Donnadieu.
Bien sûr, si on prend de la hauteur et qu'on raisonne avec ce que l'on connait plus d'un siècle et demi plus tard, il semble évident que le chemin de fer a apporté un progrès indéniable sur lequel il ne serait même pas question de revenir. Mais le propos du livre n'est pas d'analyser la nécessaire et inéluctable transformation de la société mais plutôt d'analyser les déchirements collatéraux que ce progrès apporte aux habitudes séculaires de l'utilisation de la Dordogne.
Christian Signol met toute son empathie au devenir des gabarriers face à leurs destins à travers les portraits toujours magnifiques des héros sur fond d'une Dordogne, toujours aussi puissante et dangereuse. Mais toujours aussi fascinante parce que vivante.
La brume se déchira d'un coup et, au moment où le courau passa sous le pont, derrière l'écharpe qui achevait de monter vers le ciel, s'éleva l'âme ardente dont leur avait parlé le vieil Émilien.
- Regarde ! dit Benjamin. Ils ont construit un pont, les trains passent dessus mais, elle, elle est toujours là.