Je ne lis habituellement pas de romans pour ados ni ceux de cette nouvelle vague qu'on appelle "young adults". Et L'année solitaire doit faire partie de l'une ou l'autre de ces catégories. Je n'ai juste pas pu lâcher ma lecture pour une raison encore inconnue.
C'est probablement une histoire qui peut plaire aux ados, âge ingrat où on est parfois mal dans sa peau. Mais j'ai passé l'âge et me replonger dans cet univers me fait un effet bizarre. J'aurais pu être comme Tori et me refermer sur moi-même, m'exclure du monde extérieur comme elle le fait mais j'ai pris sur moi pour tenter de m'ouvrir au monde qui m'entoure. C'est peut-être ce qui m'a le plus énervé dans son personnage. J'avais envie de la secouer et de lui dire "mais bon dieu, va à cette soirée et essaie de parler aux gens, détends-toi, bois un verre (ou plusieurs) ! Tu verras, c'est pas si mal après tout". Même si, quand je ne vais pas bien, j'ai aussi tendance à m'isoler des gens et ne rien laisser transparaitre pour au final me plaindre d'être toute seule. Mais je m'égare.
Avant même le dénouement, j'avais compris un certain nombre de choses, notamment sur l'identité de Solitaire (ou du moins de l'un d'entre eux) ou encore
sur le fait que Tori et Michael allaient finir ensemble.
C'était tellement prévisible et ça suinte la romance à deux balles de tous les films et toutes les séries pour ados, contrairement à ce que le sous-titre du livre laisse entendre. C'est mièvre, les choses qui arrivent sont complètement invraisemblables (genre, ce qui arrive à Ben, l'histoire du festival et évidemment l'action finale de Solitaire). Probablement la deuxième chose qui m'énerve dans cette littérature pour ados : si les personnages semblent être des ados normaux (mal dans leur peau, un peu dépressifs...), il leur arrive des trucs qui ne se produiraient jamais dans la vraie vie et qui pourraient faire miroiter que des choses incroyables peuvent se passer. Mauvaise nouvelle, ça n'arrive jamais ou alors, très rarement. Aussi, je ne sais pas si c'est la traduction française qui fait ça mais aussi les formules redondantes de "terminé-je" "marmonné-je" et j'en passe m'énervaient de plus en plus (bien qu'il me semble qu'il n'y a rien d'agrammatical là-dedans). J'ai également la fâcheuse impression d'être tombée sur une traduction québécoise (amis québécois, n'y voyez rien de mal, ce n'est pas que je ne vous aime pas, je ne suis juste pas très à l'aise avec les expressions "magasiner" au lieu de "faire du shopping" et "téléphone intelligent" pour "smartphone").
Vous me demanderez mais pourquoi un 6 alors que mon avis est si négatif ? Je vous répondrais que je n'en sais rien mais que comme j'ai lu le livre d'une traite, c'est que j'ai quand même un peu accroché. Et qu'au final, les comédies romantiques pour ados, j'en ai bouffé étant plus jeune du coup, le 6 est peut-être un peu de nostalgie pour mon moi du passé qui imaginait encore que j'allais rencontrer LE mec et vivre une histoire d'amour digne des téléfilms produits par Disney Channel. La bonne blague.
Enfin, deux réflexions qui me viennent. La première est qu'apparemment, les ados d'aujourd'hui croient encore en l'amour (alors que je trouve qu'une bonne partie des jeunes dans la vingtaine ont abandonné l'idée). La seconde, que j'ai raté ma vie parce que je n'ai toujours rien fait alors que l'auteur avait 18 ans quand son livre est sorti.