Lucile Bradsock va parcourir l’Histoire de la France et des Amériques en commençant sa grande carrière d’arracheuse de dents pendant la Révolution française. On nous narre alors une histoire de survie, de vengeance, de trahisons et surtout d’amourS avec un S d’une importance capitale. Car pour ce bon Giesbert, il ne suffit pas de raconter avec passion l’Histoire, la grande… Il faut aussi lui apporter de la fraicheur. Alors on nous place un personnage féminin très fort, loin d’être un faire-valoir, d’une certaine profondeur étonnante et qu’on aime très rapidement suivre au fil des péripéties. Son seul problème, à Lucile, c’est qu’elle ne peut s’empêcher de coucher avec tout le monde.
En soi, cela ne me dérange absolument pas lorsque c’est bien construit : mais ici, le but est de proposer des scènes de sexe à rallonge, le plus souvent possible, pour ne pas perdre un certain lectorat sans doute intéressé par cela. On sent aussi que l’auteur se plaisir avec ces scènes, bien plus que son héroïne. C’est rapidement navrant et cela en devient un gag à la lecture : « tiens, un nouveau personnage masculin entre en scène. Combien de pages avant qu’elle ne couche avec lui ? ».
Evidemment que ces faveurs sont mises en avant comme une force et évidemment que jamais ce personnage ne perd de sa superbe, de sa force, malgré cela. Mais c’est ennuyant, cela nous sort du récit et il n’avait pas besoin de ça pour décevoir au fil du temps : il s’éternise en milieu de chemin, ne retrouve pas sa vigueur des premières pages et se termine d’un façon bien décevante et téléphonée. On a un sentiment d’inachevé, mais aussi cette volonté nette de venir à bout du (gros) livre lorsqu’il s’agit de la quinzième scène de sexe totalement gratuite à la limite du risible.
Les 448 pages se lisent avec intérêt pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur les détails de l’histoire (tout est très romancé, mais reste malgré tout assez informatif pour ceux qui n’y connaissent rien. Surtout, la boucherie que fut la Révolution est très bien retranscrite). Elles manquent juste d’une qualité constante et d’un peu plus de force en seconde partie de bouquin. C’est fortement dommage et il en résulte un sentiment de gâchis, malgré toute les qualités qu’on peut trouver à l'aventure, forte par moments.