476 - 630. De la destitution de Romulus Augustus, dernier empereur romain, jusqu'à la conquête de La Mecque par Mahomet, François Taillandier nous invite à faire nôtres les préoccupations angoissantes qu'animaient les témoins de ce long siècle. Via le prisme de trois personnages historiques, le glissement s'effectue entre une antiquité tardive encore gorgée de Cicéron et d'Aristote et les débuts d'un moyen âge barbare s'en remettant à tâtons à une Eglise romaine encore en peine d'unifier les chrétiens sous un seul dogme.
L'écriture du monde se divise en trois inégales parties, donnant chacune la parole à ses protagonistes. François Taillandier agence avec brio faits, réflexions et émois, pour offrir une lecture passionnante sous forme de témoignage.
En premier lieu Cassiodore, issue d'une longue lignée de fonctionnaires romains, Magister et conseiller de Theodoric, qui s'évertua à préserver un semblant de paix et de culture dans l'Italie des Goths pour réaliser sur la fin de sa vie l'irrémédiable mutation de son ancien monde, tentant alors vaille que vaille de sauver ce qui peut l'être au sein d'un monastère dédié aux lettres gréco-romaines.
Ensuite, l'évêque d'Hispalis (Séville) Léandre, en butte à sa foi trop lâche, en quête d'un nouvel élan... Enfin, Théolinda, reine de Lombards, inspirée par les grandes figures féminines de la Bible, qui tente à son tour, là où Cassiodore a échoué, d'établir une paix durable dans la péninsule Italienne, où lombards et byzantins s'affrontent, tandis que francs et autres barbares pressent aux frontières...
La prouesse de François Taillandier, armée d'une plume limpide et érudite, est de retranscrire avec talent, non seulement les faits principaux, mais également et surtout les tourments de ses personnages face à une époque troublée qui porte les germes de l'Europe pour les mille ans à venir. Particulièrement fascinant, le changement de sémantique, d'abord empreint de philosophie gréco-latine, puis versée dans une pensée chrétienne qui peine à se débarrasser de ses oripeaux de paganisme.
L'écriture du monde ne s'adresse qu'à un public assez restreint. Vous n'y trouverez aucune fulgurance romanesque, aucune intrigue moderne capable de vous tenir en haleine. Pour ceux et celles qui aiment profondément se faire conter l'Histoire, L'écriture du monde est fait pour vous.