Le héros de L'homme sans maladie est un architecte suisse, donc neutre vis à vis des conflits qui agitent le monde. Lui, ce qu'il veut, c'est construire et donner un peu de beauté à l'environnement. Etre utile. Rapidement, ses théories vont pourtant voler en éclat. Missionné à Bagdad, il est pris pour un espion et torturé. Le voyage suivant, à Dubaï, sera pire. Ce qui arrive au personnage d'Arnon Grunberg est énorme et surtout absurde. Une spirale sans retour qui le laisse d'abord hagard puis totalement apathique, enfermé qu'il est désormais dans l'univers qu'il s'est créé, extérieur à la réalité de ce qui l'entoure, soit le chaos moyen-oriental. La réussite du livre tient dans le décalage entre le drame qui se noue et les réactions surprenantes de sa victime. Comme si ce dernier pensait pouvoir se réveiller finalement de ce cauchemar, lui, le candide spectateur de sa propre déchéance. Kafka rôde dans les parages ainsi que L'étranger de Camus, dans cette dissolution de l'être de plus en plus distant de son sort. La lecture désarçonne car elle ne manque pas d'humour, très noir, mais elle ne séduit pas entièrement tant le discours du romancier se fait volontairement opaque quant au message délivré dans cette fable tragico-comique.

Cinephile-doux
5
Écrit par

Créée

le 13 avr. 2017

Critique lue 99 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 99 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

80 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

74 j'aime

14