Y’a des fois, t’es entrain d’te promener dans le trou du cul du monde et. Bon admettons y’a quand même un village, mais il est assez loin et toi tu te promènes dans la campagne. Tu réfléchis à ta vie mais en mode brouillard, de la purée bien épaisse. Tu sais, celle qui fait un voile devant les yeux mais qui t’empêche pas d’avancer pour autant.
Tu vois l’genre ? Rajoute quelques marais, des saisons continentales - étouffantes et chaudes en été et glacées l’hiver - Voilà je pense que tu l’as.
Et bien Élie Treese c’est ça. T’ajoutes une narration ou tout s’imbrique, sans frontière, sans typographie, sans les choses qui nous permettent de comprendre un texte. Un peu comme quand t’étais puceau de Faulkner et que t’en avais jamais lu avant de te plonger dans Le Bruit et la fureur.
Élie Treese a ce coté romancier américain, avec ses bandes d’ados/adultes, pas foutu de mettre un âge dessus, exprès. Pour qu’on se sente encore plus largué. C’est un petit malin. Si t’as lu Les Anges à Part, tu trouveras les trucs qui ressemblent. Moi j’ai trouvé. T’ajoutes à ça un peu de poésie pour donner encore plus de corps au coté rural. T’ajoutes beaucoup de violence, t’ajoutes des surnoms comme si Tom Sawyer avait vaguement flirté avec les personnages de La Maison dans laquelle.
Tant mieux si t’y piges que dalle. Parce que tu seras pas beaucoup plus avancé que moi. Par contre niveau littéraire t’en prends tellement plein la gueule que tu t’inclines et que t’es prêt à relire le bouquin juste après l’avoir fini.
Le mec te cite quand même du Homère au début, et il appelle son roman comme ça alors qu’Homère il est aveugle. Tu comprends un peu la réflexion ? Alors si en plus t’y mêles une nana venue enquêter sur une affaire qu’a eu lieu il y a 20 ans, un vieillard que t’aurais pas envie de chatouiller sous les bras, un peu d’amphets et quelques buvards d’acide (et oh mon vieux, le prochain carton on se le prend ensemble, même si je suis persuadé que je vais me chier dessus si tu me racontes une de tes histoires), mets y aussi un peu de clans de mafieux sordides, à mi chemin entre les frères de Jésus dans le film de Bonvoisin et les clans de Bootleggers dans les bons romans américains.
On peut s’dire que t’as un genre de chef d’oeuvre sous la main. Faut le lire pour capter le truc, t’auras certainement l’impression de flirter avec un truc inaccessible. Mais crois-moi, ce sera un joli bordel pour tes neurones et les images fabriquées pendant que ton imagination continuera d’se perdre.
Bordel, le gros gros kiff.