Été 1878, Kate vient s’installer en Alabama dans la propriété de son mari le capitaine Arthur, un veuf de vingt ans plus âgé qu’elle. Dans cette maison où règne Evaline la sœur du capitaine, la jeune Kate va avoir beaucoup de mal à se faire une place. Heureusement la naissance de sa fille Helen est la promesse d’un bel avenir. La fièvre jaune va s’emparer de la fillette, et malgré tous les soins prodigués, l’enfant est sourde-muette et aveugle. En grandissant, Helen devient violente et mentalement atteinte, son placement dans un asile semble être la seule solution.
Ce roman est basé sur l’histoire vraie d’Helen Keller qui fut la première femme aveugle et sourde à obtenir un diplôme universitaire. Angélique Villeneuve nous brosse le portrait magnifique et émouvant d’une mère rongée par la culpabilité et qui est prête à tout pour sauver sa fille, pour lui donner une chance de renouer avec le monde. Porté par une écriture sensible, précise et sensorielle, ce récit nous parle d’un amour fou, d’une relation presque bestiale entre une mère et sa fille handicapée.
Parfaitement documenté sur cette nouvelle méthode évoquée par Charles Dickens où les enfants aveugles communiquent à travers les lettres de l’alphabet formées par les doigts, la langue de doigts, le roman d’Angélique Villeneuve nous retrace le long et difficile apprentissage d’une petite sauvageonne pour apprendre la patience, l’obéissance et le plaisir d’échanger avec les autres et retrouver enfin sa place au milieu d’une société qui l’a longtemps rejetée.
Angélique Villeneuve m’avait particulièrement ému dans son précédent roman « Maria », autant dire que j’ai ressenti la même émotion à la lecture de cette histoire située dans le sud des États-Unis, à une époque où les Blancs régnaient encore en maîtres.