Amour maternel et acceptation de la différence

Née en 1880 en Alabama, Helen Keller perd la vue et l’audition à moins de deux ans, suite à une congestion cérébrale. Privée de moyens de communication et couvée par sa mère, Kate, qui lui passe tous ses caprices, l’enfant sans langage grandit comme un petit animal indomptable et passe bientôt pour une folle violente. Désespérée quant à l’avenir de sa fille, Kate fait appel à Anne Sullivan, éducatrice dans une école pour aveugles. En lui enseignant le braille et la langue des signes, la jeune femme transformera Helen qui, par sa brillante carrière d’auteur et de militante politique, sera la première à prouver au monde la capacité des personnes sourdes à communiquer et à trouver leur place dans la société.


Les célèbres Helen Keller et Anna Sullivan ont fait l’objet de maints ouvrages, et même de films. L’auteur a choisi de se glisser dans la peau de Kate, la mère, pour imaginer son ressenti à partir des faits réels connus. Après avoir failli perdre sa fille face à la maladie, voilà que peu à peu cette femme doit faire le deuil de l’avenir de son enfant, à mesure que le handicap s’avère sans recours malgré toutes les tentatives entreprises. Culpabilisée dans son rôle maternel, écorchée par la stigmatisation et le rejet, Kate se retrouve seule et démunie dans un quotidien devenu un enfer, et dans sa recherche désespérée d’un avenir pour sa fille quand tous l’ont déjà condamnée à l’asile psychiatrique. L’on frémit au passage du sort de toutes ces personnes sourdes qui, faute de langage et de moyens de communication, se sont retrouvées bloquées dans leur développement et considérées déficientes mentales.


Angélique Villeneuve recrée à merveille le contexte historique et l’atmosphère de cette demeure du sud des Etats-Unis qui n’a pas encore digéré la victoire des Yankees et l’abolition de l’esclavage. Ce n’est qu’ébranlée par son drame maternel que Kate finit par s’ouvrir au sort des plus faibles et à réaliser l’insupportable intolérance des blancs de son milieu...


Portée par une écriture fluide et sensible, cette fiction construite autour de personnages réels est une formidable leçon d’amour maternel et un lumineux plaidoyer pour l’acceptation de la différence. Coup de coeur.


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Cannetille
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le 18 févr. 2021

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