Fin du XIXème siècle, aux Etats-Unis, précisément en Alabama. Kate est la jeune épouse d’Arthur Keller à qui elle a donné une petite fille, Helen. Mais à l’âge de 19 mois, la petite est atteinte de fièvre durant plusieurs jours. Si elle en réchappe, il faut rapidement se rendre à l’évidence, les séquelles sont terribles. Helen est devenue aveugle, sourde et muette. A cette époque, aucune aide ou prise en charge n’est envisageables, alors Kate gère comme elle peut cette enfant un peu sauvage, violente, que tous lui conseillent de placer en asile. Il faudra toute la détermination d’une mère, son courage et son abnégation pour faire du destin d’Helen un exemple puisqu’elle deviendra la première femme aveugle et sourde à obtenir un diplôme universitaire. Elle est aussi la créatrice d’une fondation pour la prévention de la cécité et la lutte contre la malnutrition.
Mais ce qui intéresse Angélique Villeneuve, c’est l’enfance d’Helen avant son départ pour Boston en 1888. C’est surtout la relation de Kate et d’Helen faite entièrement d’amour. Car il en faut à cette mère pour refuser que sa fille soit placée et entreprendre des démarches pour l’aider à progresser. Kate est d’abord en prise avec les angoisses et la détresse de sa petite fille qui ne comprend pas le monde qui l’entoure car privée de 3 de ses sens rien ne peut être interprété. Une détresse qu’Helen transforme en violence devenant totalement incontrôlable. Mais Kate sait aussi discerner la soif d’apprendre, de connaître de sa fille. Alors elle aura ce courage incroyable : accepter de confier sa fille à une autre, Ann Sullivan, qui se chargera d’éduquer Helen et de lui apprendre le langage et à décrypter le monde malgré son handicap. Avant le sacrifice ultime, la séparation pour qu’Helen intègre une institution spécialisée, celle qui lui permettra de devenir cette femme à la renommée internationale.
En parallèle l’auteure explore aussi une histoire de l’Amérique marquée par la guerre de Sécession et par les tensions raciales qui perdurent.
C’est un récit fort et émouvant. Angélique Villeneuve décrit magnifiquement à la fois les incertitudes de Kate, son amour pour sa fille, l’intensité de leur relation mais aussi son extrême solitude et toute la soif d’apprendre d’Helen. C’est aussi une histoire de femmes car entre Kate et Helen, il y a Ann que la petite fille appelle Maîtresse. Une jeune femme tout aussi forte et déterminée que Kate. Ce duo de femmes a permis à Helen de devenir une femme au destin exceptionnel au lieu de se retrouver enfermée en asile. Ce qui n’est pas un petit exploit à l’époque où elles vivaient. Un magnifique portrait de femme qui rend un bel hommage à cette mère qui a donné à sa fille la possibilité de vivre une vie meilleure. Et qui me donne maintenant envie de lire le livre écrit par Helen Keller, Sourde, muette, aveugle, histoire de ma vie.