Bien que natif de Rennes, Alphonse de Chateaubriant décrit avec précision, lyrisme et poésie, l'un des plus grands marais de France, situé au nord de l'estuaire de la Loire. C'est bien la Brière (d'où le titre) qui est le "personnage" principal du roman. Il a bien saisi tout ce qui en fait son originalité (vocabulaire, topographie, activités et mentalités) et utilise une langue riche, n'hésitant pas, même, à créer de nouveaux mots. L'intrigue, qui relève de la tragédie, est classique : Théotiste, de l'île de Fédrun, est amoureuse de Jeannin, vannier du village de Mayun. Le père de la jeune femme, Aoustin, s'oppose à cette relation, contraire à la tradition. Faisant office de garde, il est chargé par le maire de St-Joachim, Moyon, d'une mission qui semble impossible : retrouver les lettres de Louis XVI confirmant les titres accordés par François II, duc de Bretagne, en 1462, aux briérons, propriétaires indivis de la Grande Brière Mottière, pour éviter une exploitation du marais à leur dépens. L'auteur est un grand écrivain, dans la tradition du XIXe s : "La Brière" a reçu le Grand Prix de l'Académie Française tandis que Chateaubriant obtenait en 1911 le prix Goncourt pour "Monsieur des Lourdines". Encore une fois, il faut distinguer l'œuvre de l'écrivain : Chateaubriant, marqué par la 1ère guerre mondiale, imprégné de mysticisme, souhaitant un retour aux valeurs traditionnelles, s'est fourvoyé dans la collaboration et l'adhésion au national-socialisme (il écrivait dans "La Gerbe"). Il finit sa vie en exil, condamné à mort par contumace, à Kitzbühel en Autriche. D'où sa mise au purgatoire de son œuvre.