Cap sur la Russie de Staline. 1937, le temps des purges. Et de "l'excommunication" de l'Eglise. Pillages, exécutions sommaires, le régime soviétique ne fait pas de quartiers. Dans la première partie de la confrérie des moines volants, Metin Arditi nous conte une histoire singulière, héroïque et authentique : la préservation par une poignée de moines installés en pleine forêt de trésors de l'art sacré orthodoxe. A leur tête, un personnage étonnant, Nikodime, au passé trouble, pêcheur repenti mais en continuel conflit avec lui-même, qui mène sa mission comme une croisade en terre impie. Superbe portrait d'un religieux, brave et vulnérable, magnifique évocation d'un épisode méconnu de l'histoire soviétique. Et puis, au gros tiers du roman, sans sommation, Arditi nous transporte une soixantaine d'années plus tard. La transition est brutale. Non que l'histoire devienne inintéressante mais elle est bien plus convenue, avec des secrets qui vont se révéler peu à peu et faire le lien avec celle narrée en amont. Le tableau que l'auteur dresse de la nouvelle Russie -capitalisme sauvage, nationalisme exacerbé, culte du passé- s'il est pertinent, n'a rien d'original et l'écriture, simple et efficace, est celle d'un thriller de moyenne gamme. Certes, les pages se tournent vite, mais l'on regrette de ne pas avoir suivi le cheminement de ce "sacré" Nikodime, plus avant.