Ce roman n'est pas vraiment un roman. Oui, la fiction y est pleine, et pourtant elle se fonde sur la biographie de Michelangelo Merisi, dit le Caravage, un peintre italien majeur qui invente le clair-obscur. Mais non, ne décrochez pas : cette biographie-roman n'est pas accessible aux seuls connaisseurs de peinture, au contraire.
Le narrateur, c'est le Caravage. Il nous provoque, et nous invite à retracer avec lui toutes les étapes de sa vie, jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage italienne, non loin de Rome. Cette première personne est la meilleure manière de nous faire découvrir ce personnage - personnage de fiction, mais un vrai personnage au caractère bien trempé. Dominique Fernandez nous entraîne dans ce récit d'un peintre maudit. Car c'est lorsqu'il est menacé que le Caravage est le meilleur. Quand tout lui sourit, il ne peut s'empêcher de briser son bonheur, pour revenir à cet état d'alerte dans lequel son génie s'exprime. Cette course à l'abîme nous tient en haleine tout au long du roman.
L'auteur nous explique la genèse de chacune de ses toiles - toujours à l'huile apprend-on d'ailleurs. Les descriptions sont minutieuses, et bien expliquées, bien loin des allusions incompréhensibles des musées d'art. C'est ainsi que j'ai découvert des subtilités que je ne soupçonnais pas.
La force de ce roman, c'est de nous montrer l'homme derrière le peintre. Sa fougue, sa passion, l'amour qu'il voue à ses compagnons, la haine des conventions, la provocation permanente du Saint-Siège. Mais ne tombez pas dans le piège : Dominique Fernandez nous rappelle subtilement que l'œuvre du peintre ne doit pas seulement être lue au regard de la vie de l'homme.
Cette biographie-roman m'a happé, m'a fait voyager à Rome, Florence, Naples et Syracuse, et m'a surtout permis de comprendre différemment la peinture.
Si le roman est long, vous verrez qu'il ne tombe pas du tout des mains. Le personnage est si attachant, qu'on regrette même de fermer l'ouvrage...
Bonne lecture !