Le narrateur, un certain David Rosfeld, éminent physicien de Princeton et collaborateur d'Einstein et d'Oppenheimer, vieillit et a un témoignage personnel à laisser à la postérité. A défaut d'héritier, c'est dans l'oreille incrédule de Marianne, une jeune avocate bretonne, seule descendante d'Ilsa Schaffner, officier des services scientifiques de la Wehrmacht, qu'il va déverser ses confidences.
Pendant la Seconde guerre mondiale, Ilsa a sauvé David de la mort en chambre à gaz à laquelle Hitler destinait les "improductifs" : malades mentaux, handicapés de tout ordre, autistes, trisomiques, etc. Responsable de l'éducation des hauts potentiels intellectuels dans une école SS spéciale, Ilsa Schaffner prit sous son aile le jeune David à la suite d'une usurpation d'identité qui détermina toute sa jeune existence. Un amour assez indéfinissable - amoureux, maternel, charnel, lyrique - unit alors ces deux êtres pour quelques mois.
A la chute du IIIème Reich et bien qu'elle ait tenté d'assassiner Hitler et payé ce crime d'une incarcération dans les camps de la mort, Ilsa Schaffner sera déchue de sa dignité. Alors que centenaire elle passe de vie à trépas, David souhaite la réhabiliter, si c'est encore possible, au moins aux yeux de sa petite-fille.
A l'issue de ma lecture, je n'ai pas réussi à savoir si Didier van Cauwelaert avait inventé ce personnage d'Ilsa, ou l'avait simplement maquillé pour servir son récit. Au final, peu importe, ça lui est un prétexte pour braquer le projecteur sur quelques unes des heures les plus sombres du IIIème Reich, ce régime aux cinquante nuances de noir.
Le fond du roman n'est pas inintéressant mais j'ai eu bien du mal à y adhérer pour la simple raison que le narrateur m'est sorti par les yeux du début à la fin. Je l'ai trouvé narcissique et infatué, vraiment insupportable. Et malheureusement, le roman n'est qu'un grand monologue de cet homme trop égocentré.
J'avoue avoir besoin de ressentir un minimum d'empathie et d'affection pour le personnage principal d'un roman pour que celui-ci me devienne attachant. La plume de l'auteur, que je découvre ici, est belle et parfois même remarquable mais le ton du récit m'a mise mal à l'aise.