La fièvre
Le bilan de la fièvre jaune à Memphis à la fin du XIXème siècle est lourd. 5000 personnes sont mortes en quelques jours, dévorées par une chaleur intense, un feu intérieur sans précédent. Un pan...
le 29 août 2021
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En 1878, dans un Sud américain qui n’a pas encore digéré la victoire des Yankees et l’abolition de l’esclavage, plusieurs cas de fièvre jaune sont confirmés à Memphis. Prise de panique, la population tente massivement de fuir, prenant littéralement d’assaut le dernier train en partance. Les habitants restés dans la ville désertée, désormais coupée du monde et livrée à la violence et au pillage, tâchent, avec les moyens du bord, de faire face à l’hécatombe. Tandis qu’une milice composée d’hommes noirs prend la défense des lieux, et que la maquerelle Annie Cook transforme sa maison close en hôpital, l’ardent suprémaciste blanc Keathing, patron du journal local, est amené à réviser ses convictions racistes et moralistes.
Ecrit par coïncidence juste avant la pandémie du Coronavirus qui lui donne une résonance toute particulière, ce roman s’inspire des épidémies de fièvre jaune qui, par trois fois, ont frappé la ville de Memphis dans les années 1870, alors qu’on ignorait la responsabilité du moustique dans la propagation de cette maladie mortelle. Rythmé par des phrases courtes et crépitantes, le récit est haletant. Il entraîne sans répit le lecteur dans l’impitoyable succession d'évènements à laquelle doivent faire face les personnages.
Pour ces derniers, cette terrible crise devient l’occasion de profondes transformations, Blancs et Noirs se retrouvant pour une fois à égalité face à l’adversité. Soudain, la valeur d’hommes noirs s’affiche en pleine lumière au travers de leur courage et de leur détermination, tout comme la vaillance et les qualités humaines de femmes dites de mauvaise vie – ces autres esclaves, cette fois du commerce des corps -, quand quantité de gens bien pensants, à commencer par la rigide mère supérieure du couvent de la ville, s’illustrent par leur lâche irresponsabilité.
Preuve que, souvent, seules les crises savent enfanter le changement, cette histoire qui renverse les rôles établis est une jolie démonstration de l’inanité des préjugés et de la gravité des intolérances, souvent cachées derrière des principes de morale autorisant la bonne conscience. Coup de coeur.
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Créée
le 24 déc. 2020
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