Un premier tome réussi pour cette saga fantasy
J’ai aimé ce roman ! J’ai été perplexe au début du récit, j’avais l’impression que tout était écrit d’avance : qu’Elisa allait s’éprendre follement de son prince et tout faire pour le conquérir. Je m’attendais à une histoire se déroulant à la cour, faite de manigances et de stratégie. La suite m’a donné tort, et le roman a pris une direction à laquelle je ne m’attendais pas et qui m’a séduite. J’ai été embarquée dans cette histoire.
La principale force de ce roman, c’est l’univers mis en place par l’auteur. On comprend très vite que l’on va évoluer dans un monde de soleil, de chaleur, avec des noms aux consonances espagnoles. Rae Carson réussit très bien à donner vie à ce décor, à décrire la chaleur, les paysages, la lumière. On a presque l’impression de sentir les rayons brûler notre peau !
Quant à l’aspect « fantasy » de cet univers, il est très bien fait également. On est à mi-chemin entre un monde « normal » et un monde magique : les éléments magiques s’intègrent très bien au cadre traditionnel d’une société médiévale. Les descriptions des châteaux et de la vie de cour apportent un petit côté « roman historique ». Tous ces ingrédients, savamment dosés, donnent un univers crédible, dans lequel le lecteur se plaît à évoluer.
De manière très classique, nous sommes en présence de royaumes de lumière et de soleil, en guerre contre une puissance du froid et de l’hiver, le bien et le mal. Néanmoins, le cliché s’arrête-là. Car cet affrontement est mené d'une manière qui m'a semblée originale, avec l’intervention de la magie et des trouvailles très intéressantes de la part de l’auteur. J’ai apprécié les tactiques guerrières assez audacieuses mises en place et j’ai trouvé que, pour une fois, les obstacles ne sont pas franchis de manière trop simple.
Au-delà de cet affrontement guerrier, il y a aussi dans ce roman un affrontement à dimension religieuse : différentes forces luttent autour de la Pierre Sacrée, les interprétations du dogme s’affrontent et les prêtres eux-mêmes ont des difficultés à interpréter les volontés du Destin. J’ai bien aimé cette dimension mystique, même si elle est un peu trop présente à mon goût.
Il me faut enfin évoquer les personnages du roman. Rae Carson a créé des personnages secondaires très intéressants. Il y a Cosmé, la jeune camériste mesquine et méprisante au premier abord, mais qui est bien plus complexe que cela et qui a beaucoup souffert. Il y a aussi le chevalier Hector, modèle et loyauté et d’intelligence militaire, qui reste digne et agit de la bonne manière en toute circonstance, même s’il laisse parfois deviner ses sentiments. Il y a le prince Alejandro, qui voudrait être un bon roi mais qui se laisse dominer par la peur, à la différence de son fils Rosario, un petit garçon qui n’a pas froid aux yeux ! Sans oublier Humberto, dont on ne sait pas grand-chose mais dont la gentillesse ne peut que nous conquérir.
Mais bien sûr, le personnage le plus abouti, c’est Elisa. Cette jeune fille part véritablement en quête d’elle-même dans ce roman. D’une jeune fille effacée, elle prend peu à peu l’étoffe d’une reine, courageuse et déterminée. C’est une fille normale qui apprend peu à peu à dépasser ses limites, et c’est toujours agréable de rencontrer ce genre de personnage. Elisa n’a pas choisi sa destinée, mais elle l’assume avec courage et avec les moyens dont elle dispose.
Néanmoins, même si j’ai aimé tous ces personnages, j’ai eu un peu de mal à m’attacher véritablement à eux, il m’a manqué une petite étincelle. Je n’ai pas ressenti une grande émotion, même dans les moments de drame. Peut-être l’intrigue évolue-t-elle un tout petit peu trop vite, et peut-être que l’auteur reste un peu trop en surface concernant ses héros et leur personnalité (surtout en ce qu’il concerne Humberto).
En résumé, je dirais que « La fille de braises et de ronces » est un très bon roman de fantasy, qui m’a embarquée et qui m’a fait voyager. Je suis très curieuse de connaître la suite, voilà une saga que je vais surveiller de près ! Bien que ce soit le premier roman de Rae Carson, elle a déjà une plume très intéressante, et il ne lui manque à mon sens qu’un tout petit peu plus de profondeur dans les émotions.