Ce livre est constitué du journal de Sylvain Tesson, qu’il a rédigé durant les six mois qu’il a passés en Sibérie, dans une cabane, au sein d’une réserve naturelle sur les rives du lac Baïkal. A une journée de marche de son premier voisin, il apprend à vivre avec la solitude rompue par quelques visites, le froid, et un faible éventail d’activités à sa disposition.

La nature est omniprésente dans la vie de Sylvain Tesson. Le lac Baïkal est à lui seul un véritable personnage de ce livre, il est présent presque à chaque page. D’abord gelé, il offre des paysages polaires. Puis, avec l’arrivée du printemps, il se craquelle puis bouillonne. La forêt et les montagnes sont également très présentes, puisque l’auteur effectue de longues randonnées, parfois sur plusieurs jours. L’auteur observe également beaucoup les animaux qui l’entourent : les oiseaux qui égaient sa fenêtre, les ours qui constituent une menace, ses deux chiots dont il admira la capacité à se satisfaire toujours du même bâton. Ainsi, ce récit constitue une véritable plongée dans la nature.

Mais ce qui m’a semblé le plus intéressant, c’est le cheminement intérieur de l’auteur. Au début, il s’oblige à vivre simplement et à observer ce qui se passe autour de lui, puis cela devient naturel. Il se nourrit de lectures qui alimentent à merveille sa pensée. Il découvre les joies de la solitude, de s’éloigner des pressions de la société, vivant parfois les visites qu’il reçoit comme des intrusions. Il prend plaisir à une vie simple, se trouvant plus heureux en ayant une palette d’activités plus réduite, tandis qu’en ville il ressentait le besoin de remplir sa vie avec des expériences inédites. Enfin, il apprend à vivre au présent, dans l’instant, à apprivoiser sa peur du temps qui passe et à ne pas se projeter sans cesse dans l’avenir ou le passé. Le tout arrosé copieusement de vodka russe !

L’auteur est un vrai « personnage », quelqu’un de marquant que j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre. C’est visiblement un grand voyageur et un amoureux des grands espaces, des longues marches. C’est quelqu’un d’assez sensible et de très cultivé. Les russes sont également intéressants à découvrir, car pleins de paradoxes. Ils sont méfiants envers les étrangers, choqués par le nombre de musulmans et d’immigrés en France. Mais ils sont aussi capables d’une grandes hospitalité et de partir à l’aventure sur un coup de tête. On sent l’auteur osciller entre incompréhension et sympathie à leur égard.

La lecture de ce récit est un vrai plaisir littéraire. La plume est travaillée et les descriptions de paysage sont particulièrement réussies. Je n’aurais jamais cru prendre autant de plaisir en lisant des pages de description d’un lac gelé ! Il fait également preuve d’humour et d’autodérision. Au cours de la lecture, j’ai relevé de nombreuses citations, je me suis régalée ! Seul petit bémol, le récit est parfois si dense et si bien écrit que j’ai ressenti le besoin de le savourer à petite dose, j’ai eu du mal à lire plus de 30 pages à la suite.

Ainsi, je ne peux que vous conseiller de découvrir ce récit de voyage et ce cheminement intérieur extrêmement intéressant et bien écrit. J’aurais déjà presque envie de le relire !
Stellabloggeuse
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le 16 juil. 2014

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