La Fontaine pétrifiante par Nanash
Je comprends qu'il n'y ait pas de résumé de "La Fontaine Pétrifiante". Il est bien difficile d'en parler.
Un évènement, que je ne dévoilerai pas, et dont on a la confirmation à la fin, pousse le héros Peter à écrire ce que l'on pourrait appeler ses mémoires. Mais afin de se définir de la plus juste des façons il crée un monde imaginaire pour son autobiographie. Un monde en guerre où subsiste une zone de paix, "les îles". On découvre avec cet auteur, que c'est loin d'être anecdotique.
Le manuscrit achevé, on aperçoit les passerelles qui se forment, Peter s'évade de Londres (Jethra dans ses pages) pour aller dans les îles. Il y rencontre une jeune et menue blonde au bronzage façonné par le climat qui sera son guide, Seri incarne en quelque sorte tout ce que n'est pas sa compagne Londonienne Gracia (grande brune au teint pâle).
Cette fuite devient encore plus complexe pour plusieurs raisons, dans le monde de Jethra, Peter va sur les îles pour subir une intervention qui lui donnera la vie éternelle. Cette opération ne sera fera qu'à la condition qu'un lui efface sa mémoire. C'est là que le bas blesse, sur les îles son manuscrit qui doit servir à sa reconstruction ne décrit pas les îles mais Londres et sa vie "d'avant". Les mondes continuent de se mélanger jusqu'à ce que Peter doive faire un choix. Rester dans les îles ou revenir en Angleterre, il ne pourra pas garder les deux.
En définitive, dans son processus de reconstruction la seule chose dont il est certain c'est de son nom, comme il le précise dans le premier paragraphe du premier chapitre:
"De ceci au moins je suis sûr: Je m'appelle Peter Sinclair, je suis anglais et j'ai, ou avais, vingt-neuf ans. Déjà il y a là une incertitude et mon assurance faiblit."
Le questionnement du héros est perpétuel sur son identité, sur sa mémoire (est-il seulement ce que décrivent ces pages ?) et sur la réalité du monde qui l'entoure, fait de "La Fontaine Pétrifiante" un livre touffu et déroutant. On alterne les chapitres sans savoir où est Peter, ou ce qu'il s'est réellement passé "avant" et ce n'est pas aisé de s'y retrouver.
Un livre incroyablement dense et qui fait tout pour la confusion du lecteur. Christopher Priest maîtrise son récit, mais il faut s'accrocher, 8/10.